EVA

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Bon d’accord, ça vous aura sans doute échappé mais là, nous sommes en 2041. Eh oui, le temps passe, surtout pour les scientifiques, qui ont toujours une idée d’avance ! C’est le cas d’Alex, le savant spécialiste de la robotique dont vous allez faire la connaissance dans Eva.

Alex est un ingénieur émérite et mérite bien sa réputation ! Pour preuve, on lui confie la fabrication d’un androïde de toute nouvelle génération qui doit ressembler le plus fidèlement possible à un être humain. De retour dans sa Catalogne natale, il y retrouve David, son frère, et Lana, sa femme, qui n’est autre que son ancien amour de jeunesse. Le couple a une fille, Eva, ado charmante, intelligente... Et c’est là où les choses vont se gâter : Alex va avoir la mauvaise idée de prendre Eva comme modèle pour le robot sur lequel il travaille. On sait tous depuis Pinocchio et Frankenstein que les créatures échappent toujours aux désirs de leurs créateurs...C’est justement ce que vous allez découvrir maintenant...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A.I INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (Le film de Spielberg est une référence pour Kike Maillo : tous deux traversent cette idée de la fabrication d'un être façonné à l'image de l'homme. Un blasphème scientifique et moral qui dans les deux cas aura des conséquences dramatiques...) ou encore PINOCCHIO (Le dessin animé de Walt Disney abordait également ce thème de la créature de substitution : Gepetto voulant à tout prix construire de ses mains un petit garçon pantin qui pourrait devenir vivant. Le composant électronique a remplacé le bois, mais dans "Eva", le but et ses suites tragiques sont les mêmes...).

Kike Maillo est un jeune cinéaste espagnol qui a frappé très fort avec ce premier long métrage. Récompensé du prix du public à Gerardmer, le festival de référence des amateurs de fantastique, Eva est à la fois un hommage et un clin d’œil à toute une lignée de films de genre.

Le réalisateur lui-même a tenu à mettre les choses au point : oui, il s’est directement inspiré de Steven Spielberg pour bâtir son récit, privilégiant autant le récit, les personnages et les effets spéciaux. L’influence du papa de E.T se ressent tout au long du film que vous venez de voir et renvoie évidemment à A.I, intelligence artificielle, morceau de choix sorti en 2001 avec Jude Law et le jeune Haley Joel Osment dans la peau synthétique d’un enfant robot, jeté en pâture dans un monde indigne de l’accueillir. Crépusculaire et désabusé, tiré d’un roman de Brian Aldiss, le film de Spielberg avait été mal reçu à l’époque : on voit aujourd’hui qu’il a su traverser le temps et servir de terreau fertile à de jeunes auteurs en quête de mentors.

Kike Maillo ne se réclame d’ailleurs pas uniquement du maître hollywoodien. L’un de ses pairs et de ses pères de substitution n’est autre que le mexicain Guillermo del Toro, auteur du Labyrinthe de Pan, de Hellboy et producteur en Espagne de L’orphelinat. le thriller horrifique d’Antonio Bayona symbolise cette nouvelle génération de cinéastes, nés derrière les Pyrénées et dont le talent dépasse désormais largement les cimes du Pic du Midi !

Citons le tandem Plaza-Balaguero pour REC ou Alex de la Iglesia qui symbolisent parfaitement eux aussi cet esprit noir et cruel que l’on retrouve dans Eva.

Autre point commun : la volonté de faire du mieux possible avec des budgets loin d’être pharaoniques ! Pour Eva, Kike Maillo a choisi de mettre en avant les ambiances, les éclairages et des astuces visuelles plutôt que de tout miser sur des effets numériques de toute façon hors de prix ! Le résultat n’en est que plus étonnant et remarquable.