ADIEU MA CONCUBINE

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Adapté d’un roman de Lillian Lee et récompensé d’une palme d’or au festival de Cannes 1993, Adieu ma concubine est le cinquième film de Chen Keige. Chen a partagé d’ailleurs sa palme cette année-là avec Jane Campion pour La leçon de piano.

Adieu ma concubine aborde l’amitié entre deux hommes qui se sont rencontrés dés l'enfance à l’Opéra de Pékin, où ils vont jouer toute leur vie l’opéra Adieu ma concubine. Marqués par cette pièce évoquant la tragique histoire d’amour entre un prince et sa concubine se donnant la mort, les deux amis vont devenir des stars et traverser ensemble les soubresauts de la Chine du 20e siècle, des années 20 aux années 70.

La grande Histoire, bousculée par le conflit sino-japonais puis la Révolution Culturelle, sert de toile de fond à une tumultueuse épopée intime. Car l’amitié qui lie les jeunes Shitou et Douzi est ambiguë. Avec ses traits fins lui donnant une aptitude particulière à jouer les rôles de femme, Douzi incarne sur scène la concubine suicidaire et nourrit pour son ami des sentiments passionnels qui échappent complètement à ce dernier. Les choses vont se compliquer encore lorsque, sous l’occupation japonaise, Shitou tombe amoureux d’une belle prostituée. On le comprend : elle est incarnée par la magnifique Gong Li.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HAPPY TOGETHER (Un autre drame de l'homosexualité mettant en scène Leslie Cheung : deux amants quittent Hong Kong pour vivre en Argentine.) ou encore PRINCESSE CHANG PING (Un classique de l'opéra chinois adapté pour le cinéma par John Woo, le futur réalisateur star du film d’action.).

Plus de vingt ans après sa palme d’or, Adieu ma concubine reste toujours ce modèle de virtuosité esthétique, flamboyant hommage à l’opéra de Pékin, sa rigueur extrême et ses traditions. Certains observateurs critiqueront d’ailleurs l’ambiguité du film dans sa complaisance à montrer les supplices infligés aux enfants au nom de la discipline. Ca n’empêche pas Chen Keige de se livrer à une critique implicite des verrous de la société chinoise et les péripéties de cette fresque de presque 3 heures servent clairement d’alibi à une dénonciation des pratiques liberticides du gouvernement chinois.

Derrière plusieurs exactions et une scène de procès arbitraire se déroulant sous la Chine de Mao, c’est bel et bien le régime en place et son totalitarisme que Chen Keige montre du doigt. Le massacre de la place Tian An Men a horrifié le monde entier quatre ans avant la sortie du film et ses images sanglantes sont encore dans toutes les mémoires. A Cannes, Chen Keige expliquera par ailleurs avoir fait Adieu ma concubine pour exorciser la honte d’avoir dû dénoncer et critiquer son propre père en public sous la pression des autorités, lorsqu’il avait 14 ans.

Envoûtant par ses chants traditionnels comme par le panache de ses costumes et sa reconstitution historique, Adieu ma concubine irradie aussi par l’incandescence de ses comédiens. Parmi eux, le regretté Leslie Cheung attire plus particulièrement l’attention dans le rôle du travesti Douzi. Remarqué dans les Syndicats du crime 1 et 2 de John Woo ainsi que les deux Histoires de fantômes chinois, cet acteur et chanteur hong kongais avait fini par confier publiquement son homosexualité après son immigration au Canada. Un après-midi d’avril 2003, il se défenestrera du 23e étage de l’hotel Mandarin de Hong Kong, à l’âge de 46 ans. Un destin tragique, triste résonnance de celui de son personnage dans Adieu ma concubine.

Dure. La vie est dure. Alors que je morfondais dans mon fauteuil en suédine bleue durant ce morne lundi après-midi dans un ennui des plus complet, ne profitant même pas de mon jour de congé pour me taper l’intégral des oeuvres cinématographiques de Luc Besson pour m’achever ...

Film lyrique, historique, mais aussi un peu glauque à cause de la présentation d'un extrémisme artistique chinois qui semble ne pouvoir éclore que dans la souffrance, l'humiliation et d'autres horreurs qui font écho à un tas de stéréotypes ici confirmés par un regard autochtone. ...

Le film de Kaige est certainement l'un des meilleurs long-métrages qu'il m'ait été donné de voir dans ma vie. Dire qu'il a été un véritable choc est un euphémisme, de l'esthétique aux personnages, de l'époque dépeinte à l'opéra chinois si particulier tout est porté ...