AS BESTAS

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Si vous regardez « L’amour est dans le pré », vous vous êtes peut-être persuadés que la campagne était le lieu propice à l’épanouissement de toutes sortes de cultures, y compris celle du cœur. Eh bien non, en tout cas, pas seulement ! La campagne, ça peut aussi être un endroit dangereux, où les rancœurs prennent soudain une dimension dramatique, violente, bestiale...

C’est la thèse défendue par le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen dans le film qui va suivre. Il nous propose d’assister à la lente descente aux enfers d’un couple français expatrié outre Pyrénées pour y cultiver des légumes bio. En voulant sauver un village à l’abandon d’un projet d’implantation d’éoliennes, Antoine et Olga vont déclencher l’hostilité puis la colère de leurs voisins. Ces derniers vont multiplier les provocations avant de passer à des méthodes de plus en plus dangereuses.

Marina Fois et Denis Ménochet incarnent ce couple au bord de l’abîme dans un thriller angoissant et perturbant jusqu’au bout...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GRAN TORINO (Les voisins : cette espèce très répandue que l'on croise avec prudence, distance ou bonheur. Il suffit pourtant parfois d'un petit rien pour que les choses dégénèrent...) ou encore BIENVENUE A LA CAMPAGNE (Quitter la ville pour découvrir les charmes de la ruralité : voilà le rêve de beaucoup de nos concitoyens. Concrètement, l'adaptation peut-être rude, voire dramatique...).

Après avoir vu « As bestas », je suis certain que vous allez un peu revoir votre joli projet de partir en quête d’une paisible reconversion à la campagne ! Attention, ne me faites pas dire ce que je ne veux pas écrire : il n’y a pas (loin de là) que des paysans sociopathes mais avouez que ceux du film méritent le détour... Et que dire alors des adorables autochtones de « Délivrance », le film de John Boorman sorti en 1972 ? Mais oui, ces charmants habitants des Appalaches aux Etats Unis qui vont mener la vie dure à un groupe de citadins parti en quête de sensations fortes à l’occasion d’une virée en canoé. Chasse à l’homme, viol, tir à vue : pas grand-chose ne sera épargné à Burt Reynolds, John Voight, Ned Beatty et Ronnie Cox...

Toujours dans la forêt profonde, une simple ballade ou l’idée d’un weekend retiré du monde peut facilement virer au cauchemar : dans « Evid dead », Sam Raimi enferme ses héros-victimes entre les planches d’une cabane maudite où les esprits maléfiques vont sévir. Dans « Le projet Blair Witch », trois étudiants en cinéma vont découvrir que partir sur les traces d’une sorcière peut réveiller le mauvais sort. Parlons aussi de « Into the wild », film de Sean Penn datant de 2007 où Emile Hirsch joue le rôle d’un brillant étudiant américain ayant réellement existé, décidé à tourner définitivement le dos à la société de consommation et parti à la recherche d’une autre vérité à travers l’Amérique, seul et sans argent. Sa quête finira en tragédie dans les paysages déserts de l’Alaska où, victime d’une baie toxique, il mourra seul...

Il faut aussi ajouter la sauvagerie de la nature quand elle se mêle à la cruauté de la guerre : « Apocalypse now » de Francis Ford Coppola montre bien comment les militaires américains engagés dans l’épouvantable campagne du Viet-Nam ont fini par être à la fois victimes de leurs ennemis, de leurs démons et de leur environnement, sombrant dans la folie et l’anarchie. Le pire est que le tournage du film lui-même a connu le même cheminement, s’éternisant des mois durant dans une jungle plus qu’hostile !  

L’ouverture très graphique d’As Bestas rappelle, pour le spectateur qui aurait déjà croisé Sorogoyen, qu’il ambitionne d’être un cinéaste de l’intensité : le corps à corps des hommes de la montagne avec les chevaux mêle au ralenti à la puissance physique, le ...

As Bestas est un thriller rural particulièrement angoissant. On voit bien que cette querelle de voisinage sur fond de xénophobie, de sentiment de mépris de classe, ne peut pas bien se finir. Les flics ont beau dire qu'il suffit d'aller boire un verre avec ses voisins ...

On avait promis monts et merveilles au masqué avec As Bestas, tellement le dernier film de Rodrigo Sorogoyen était présenté comme formidable par la critique pro, dans une unanimité qui, en certaines occasions, a tout du suspect, comme avec La Môme en 2007. Mais quand on ...