BABI YAR CONTEXTE

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L’histoire est terrible et, désormais, terriblement documentée : au nord-ouest de Kiev (Ukraine) les 29 et 30 septembre 1941, au lieu-dit «Babi Yar », 33 000 juifs ukrainiens sont assassinés par des unités nazies avec l’aide de supplétifs locaux.

Cette tragédie est l’objet d’une enquête méthodique faite par le réalisateur Sergei Loznitsa et qui s’intitule « Babi Yar Context ». Le film utilise des archives venues des deux camps ainsi que des documents privés. Sans commentaire, sans musique additionnelle. Ce document a été présenté au festival de Cannes 2022 et a été récompensé du Prix Spécial du Jury.

Le film évoque un des pires épisodes de ce que l’on appelle désormais « la shoah par balles ». Lors de l’invasion de l’URSS par la Wehrmacht, les sinistres unités SS, dites « einsatzgruppen » suivaient l’avancée des troupes allemandes et exterminaient juifs, communistes ou opposants. Si les âmes sensibles doivent s’abstenir, ce film est, venant d’un ukrainien, un témoignage s’inscrivant dans un devoir de mémoire universel.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHOAH DE CLAUDE LANZMANN (1985) (Film-fleuve (503 minutes), mais fleuve des morts, puisqu'il évoque l'extermination programmée et industrielle d'une partie de la population juive européenne par le régime nazi. Une oeuvre colossale, terrible sur les camps d'extermination.) ou encore SHOAH PAR BALLES DE ROMAIN ICARD (2007) (Un des premiers documentaires sur les massacres des Einsazgruppen, commandos SS qui dans le sillage de l'armé allemande, massacraient des populations soviétiques, les juifs en particuliers. Le film s'appuie sur les recherches du père Patrick Desbois, coordinateur scientifique du mémorial juif de Babi Yar.).

Serguei Loznitsa est un ukrainien né en Biélorussie en 1964. C’est d’abord une grosse tête, mathématicien de haut niveau, avant, par passion, de suivre des études cinématographiques à Moscou. Depuis il a effectué un double parcours de réalisateur de documentaires et de fiction. En 2022, il est d’abord connu pour avoir signé 22 films documentaires avec récompenses et audiences internationale. Mais aussi 4 longs métrages de fiction, tous présentés en sélection officielle au festival de cannes. Dont « Donbass » en 2018 sur les débuts de la guerre en Ukraine, dans le territoire du même nom.

« Babi Yar Context » est né, chez Loznitsa, du souvenir d’avoir beaucoup emprunté, dans sa jeunesse, le chemin qui passe par le tragique ravin (« ravin de la vieille femme » en russe). Un mémorial avait été établi là par les autorités, mais personne n’en parlait jamais, y compris dans sa propre famille. Une forme de tabou ou de culpabilité collective.

Du coup, confronté dans sa génération à la fin de l’URSS, l’indépendance de l’Ukraine et la montée des nationalismes chez les cousins slaves (jusqu’à la guerre en cours), il a voulu, sans concession, dire les vérités de l’histoire. Car c’est aussi parce que des ukrainiens ont été mêlés aux massacres de Babi Yar que le régime russe accuse aujourd’hui le pays de nazisme. Depuis, le cinéaste a fermement pris position contre l’impérialisme poutinien et le camp de l’occident. L’histoire se réécrit sans fin.

BABI YAR. CONTEXTE (Sergei Loznitsa, UKR, 2021, 120min) : Remarquable et édifiant documentaire où le hors-champ met en lumière l'horreur innommable du massacre de 33771 juifs, perpétré en septembre 1941 par le régime nazi dans la banlieue de Kiev, aidé par la milice ...

Un miroir contemporain assez horrifique de la situation qui prévaut aujourd'hui en Ukraine, ou quelle que soit la propagande qui sevisse l'anéantissement résulte du même processus concentrationnaire. Le mirage de la doctrine communiste prônée par le régime Soviétique ...

Un documentaire qu'on reçoit comme un seau d'eau glacée en plein visage. De très belles images en noir et blanc, poignantes, un montage minutieusement pensé, et qui racontent une histoire au-delà des mots. Toute l'horreur de la deuxième Guerre Mondiale, toute ...