BALADA TRISTE

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Balada Triste ! Un titre étrange pour un film barré réalisé par un  réalisateur cinglé. A savoir l’espagnol zinzin Alex de la Iglesia.  Après une entrée en matière  bien allumée ou un clown extermine des soldats franquistes à la machette, nous voilà plongé ensuite dans l’Espagne des années 70 pour suivre la rivalité de deux clowns opérant dans un cirque itinérant. Mon premier, timide, complexé et triste et qui a le charisme d’une huître morte tombe éperdument amoureux d’une jolie trapéziste qui vit sous la coupe d’un deuxième clown, machiste, cabot, violent et bellâtre.
Après s'être attaché au comportement amoureux du trio, Alex de la Iglesia fait progressivement dévier son film dans un baroquisme insensé. Comme si le Truffaut de Jules et Jim était parasité par le Tod Browning de Freaks. Tout en mixant les genres et les sous couches de lecture (horreur ironique, drame intense, comédie de mœurs, pamphlet politique), Alex de la Iglesia se permet de gros coups de folie hommageuse allant du Fantôme de l’Opéra version muette au Vertigo d’Alfred Hitchock en passant par le surréalisme provocateur d’un Alejandro Jodorowsky.
Emporté par une caméra de plus en plus aérienne qui semblent retranscrire les états d’âme torturés des protagonistes, Balada Triste arrive à faire rire, frissonner et pleurer. Et même des fois dans le même plan ! 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SOUS LE PLUS GRAND CHAPITEAU DU MONDE (Inventeur du film à grand spectacle, Cecil B De mille offre ici une incursion spectaculaire dans l'univers du cirque.) ou encore FREAKS (En retraçant une rivalité amoureuse dans un cirque composé de gens difformes, Tod Browning réalise un chef-d'oeuvre de perversion et d'émotion.).

C’est grâce à Pedro Amoldovar, le grand manitou du cinéma espagnol, qu’Alex de la Iglesia, né à Bilbao en 1965, passe derrière la caméra. En 1992 Amoldovar produit en effet son  premier long métrage, Action Mutante, sorte d’épopée humoristico/science fictionnesque, aussi foutraque que totalement ovniesque, mais dont la vitalité, la potacherie assumée et les références cinématographiques abondantes séduisent les  fans de cinéma outrancier à travers le monde.
Dans ses  huit longs métrages qui suivront, Alex de la Iglesia - tout en assumant totalement son statut de déconneur impénitent et de provocateur ambulant, s’amuse à naviguer entre les genres. Que ce soit l’horreur cabalistique (Le Jour De La Bête), la comédie vaudevillesque matinée d’humour noir carabiné (Le Crime Farpait) voire de rigolade cartoonesque (Mes Chers Voisins), l’hommage au western spaghetti à la Sergio Leone (800 Balles), le road-movie teigneux et poisseux (Perdita Durango). Sans oublier beaucoup moins connu (car resté inédit dans les salles françaises) Muertos de risa, satire enlevée, méchante et nostalgique du milieu du showbiz sur la confrontation d’un duo de comiques qui se vouent une haine absolue.
Seul son très calme Crimes à Oxford, une enquête à la Agatha Christie, semble aller à l’encontre de ses obsessions thématiques (comme le rire déviant et la recherche de l’amour absolu) et stylistiques (beaucoup de ses films se terminent dans des hauteurs invraisemblables, comme avez pu le constater avec Balada Triste).

Pour ceux qui n'auraient pas encore peur des clowns, ce n'est pas irrémédiable... J'ai mis ce film pour m'occuper pour faire autre chose, et impossible, dès les premières secondes je me suis retrouvée scotchée dans mon canapé, les yeux grands ouverts et les mains agrippées ...

Le dernier film d'Alex De La Iglesia est probablement son meilleur film depuis El día de la bestia, le plus personnel, le plus épuré et abouti de De La Iglesia. Le plus déchainé et libre aussi. Le plus personnel car c'est le premier scénar' qu'il écrit sans Jorge Guerricaechevarria ...

De la Iglesia n'est pas un gland. Il le prouve dès les premières minutes totalement surréalistes de son "Balada Triste de Trompeta". Irruption d'un groupe armé dans un cirque rempli d'enfants pendant que deux clowns font le spectacle. Dialogue improbable entre les clowns et ...