BELLES À MOURIR

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Les films américains se déroulent le plus souvent à New York ou en Californie, parfois dans l’Arizona ou l’Utah lorsqu’il s’agit de westerns. Mais jamais, ou presque jamais chez les ploucs du Middle west. C’est pourtant le cas de Belles à mourir, qui nous permet de découvrir Mount Rose, dans le Minnesota. Où a lieu chaque année un concours de beauté réservé aux adolescentes.

En l’occurrence huit candidates se présentent aux épreuves. Et pour l’emporter tous les coups sont permis. Tous les coups, y compris une violence sans retenue. L’occasion de clouer au pilori cette Amérique sans foi ni loi qui ne jure que par le profit immédiat, et plus particulièrement ces contrées ultraconservatrices où se disputent les tarés, les vicelards, les racistes, les alcolos et les fous de Dieu, rien n’empêchant évidemment de cumuler toutes ces qualités.

On l’aura compris, le film aurait pu être signé Jean-Pierre Mocky s’il avait été tourné sur les rives de la Seine. Et ceux qui ont rêvé de faire avaler son chapeau à Madame de Fontenay du temps de sa splendeur se régaleront à voir ce film qui annonce sept ans plus tard le délicieux Little Miss sunshine, moins trash mais tout aussi percutant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver STRASS (Dans une école de théâtre belge, les élèves et leur professeur ont une ambition délirante. Une satire féroce de la célébrité.) ou encore FATAL GAMES (Honteusement méconnue en France, cette comédie noire tire à boulets rouges sur les reines de beauté des lycées américains.).

Aussi furieux soit-il le film n’en est pas pourtant un OVNI cinématographique. Il témoigne même de certaines tendances du cinéma américain. Sur la forme d’abord. Le procédé du faux reportage est un classique du genre, Qui permet entre autres d’introduire une caméra subjective propice à bien des surprises ou effets choc. Les auteurs de la série des Babysitting n’y ont sans doute pas été insensibles. Mais le débraillé apparent de la mise en scène est au fond très cohérent avec le fond, d’une méchanceté réjouissante. Il n’est pas interdit par moments de penser aux premiers films de John Water, Female Trouble ou Desperate Living, le cinéaste ayant même été jusqu’à proposer un film en odorama, Polyester, offrant au spectateur de respirer des odeurs de pets ou de chaussettes sales. C’est sans doute potache, mais ça reste transgressif.

La démarche est assez proche de celle qui animait les fondateurs de Hara Kiri, journal bête et méchant, heureux d’afficher chaque mois sur papier les turpitudes les moins excusables et les images les plus trash pour repousser plus loin les limites du mauvais goût. Mais était-ce par fascination pour la laideur ou pour tendre un miroir déformant à un monde qui ne voulait pas se regarder en face ? On ne saurait dire, tant le premier et le second degré sont intimes. Belles à mourir est d’ailleurs un titre faible, qui se contente de jouer sur les mots pour annoncer le déchainement de la violence. Préférons-lui l’original, Drop Dead Gorgeous, que l’on pourrait traduire, à la hache, par Tombe raide, ma Belle. Une adresse plus immédiate. Le film est signé par un certain Michael Patrick Jann, dont c’est le premier film. A ce jour, c’est également son dernier, notre homme s’étant tourné par la suite vers la télévision.

Mais Belles à mourir n’aurait pas cet impact s’il ne bénéficiait d’un casting béton. Nous ne citerons pas tous les comédiens et surtout les comédiennes prêtant leurs traits à ces personnages au sourire figé par la haine. Signalons pourtant les quatre premières. Kirstie Alley et Ellen Barkin, les mères. Denise Richards et Kirsten Dunst, les filles. Kirstie Alley, c’est l’héroïne de la franchise Allo Maman dans les années 80, qui ne tournera d’ailleurs presque plus après Belles à mourir. Ellen Barkin a un registre plus large, traversant avec grâce les films de Jim Jarmusch ou Paul Newman, même si c’est Dans la peau d’une blonde de Blake Edwards qui la fixe à jamais dans nos souvenirs. Denise Richards a beaucoup joué les pimbêches ou les femmes fatales, incarnant au passage une James Bond Girl dans Le monde ne suffit pas, avant de disparaître des écrans radars, sauf lorsqu’elle se déchirait avec son Charlie Sheen de mari. C’est finalement la plus jeune, Kirsten Dunst, qui affiche aujourd’hui la plus belle carrière. Celle qui illumine les films de Sofia Coppola, dont elle fut la Marie-Antoinette, qui a pointé son doux minois chez Woody Allen, Brian de Palma ou Lars Von Trier n’a évidemment rien contre le cinéma d’auteur. Gageons que l’on n’a pas fini de la voir sur les écrans, ce dont personne ne se plaindra.

Belles à mourir fait partie des films que je me suis mater plusieurs fois quand j’étais ados, enregistré sur VHS. Il dépeint la vie d’adolescentes vivant dans un Minnesota provincial à souhait entre des bottes de pailles et des supermarchés géants. Un des moyens qu’elles ...

Sous son apparente niaiserie cette comédie est une sympathique satire sociale sur les rêves de l'adolescence, Denise Richards et Kirsten Dunst y sont magnifiques, on est loin des comédies bien grasses pour teenagers. ...

Sous ses dehors de teen-movie, ce film jette pas mal de vitriol au visage de l'Amérique et le fait de façon originale. Le metteur en scène s'est permis d'écorner l'image d'épinal entretenue par son propre pays depuis des générations en désarticulant un à un ses travers, ...