Ben Hur est né dans l’imagination de Lew Wallace, un général de l’armée confédérée américaine qui raconta ses aventures dans un roman, énorme best-selller en 1880. Après le triomphe d’une adaptation théâtrale, le cinéma s’y intéresse pour une première version en 1907, puis une seconde en 1925. En 1954, la MGM en lance une troisième, afin de profiter de la fructueuse mode des péplums alors en cours. Il faudra quatre ans pour que le premier clap de tournage soit lancé. Le temps de trouver les acteurs (Paul Newman, Burt Lancaster ou Kirk Douglas ayant décliné le rôle de Ben-Hur) mais aussi d’écrire un scénario contournant la censure très frileuse alors sur toute allusion à la religion, à la nudité et à leur représentation à l’écran. Charlton Heston, fut d’abord vu comme une solution de dépannage : il avait passé des auditions pour le rôle de Messala, mais on lui proposa celui de Ben-Hur, non seulement parce que la production arrivait à épuisement des candidats, mais aussi, parce que William Wyler, appuyé par la MGM avaient vendu le film à la censure comme non pas une métaphore biblique mais sur la colonisation de l’Amérique par les Anglais, symbolisés par les Romains, par conséquent tous joués par des acteurs anglais. C’est ainsi que Stephen Boyd hérita du personnage de Messala.
Quand à la fameuse scène de course de chars, il fallut cinq semaines pour la tourner. Pas tant par sa complexité technique que parce que des architectes se disputaient la véracité du style du décor du cirque où elle se déroule, certains jurant qu’il devait être dans une architecture romaine, d’autres phénicienne. Andrew Marton, réalisateur de seconde équipe qui la dirigea, voulut y inclure les authentiques images du vol plané que fit le fils du superviseur des cascades, se rattrapant de justesse à l’attelage d’un des chars, y ajoutant au montage des plans rapides d’Heston. Il craignait que Wyler, connu pour sa réputation d’ultra perfectionniste, ne découvre le subterfuge et demande à ce que la poursuite entière soit retournée. A la sortie de projections des rushes, le réalisateur trancha en disant à Marton : Good job ! Il faut croire que Wyler était fatigué ce jour-là pour avoir laissé passer les nombreuses erreurs de continuité de cette séquence, ou la montre-poignet portée par un des souffleurs de trompettes...