C'EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS

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Comment, des années plus tard, évoquer avec des mots simples une vraie claque reçue en voyant un film ? Il en reste le souvenir global, des images ou des scènes précises, des répliques imparables et les visages de ses acteurs…

C’est exactement ça avec C’est arrivé près de chez vous: la sortie de ce brûlot quasi expérimental en 1992 a été un choc, brutal et jouissif. L’histoire ? Celle de deux journalistes décidant de suivre le périple meurtrier d’un dénommé Ben, tueur de vieilles dames, violent et sans scrupules uniquement intéressé par l’argent…

Signée par le trio Benoit Poelvoorde-Rémy Belvaux-André Bonzel, tournée en noir et blanc pour un franc six sous, (l’équivalent de 19 centimes d’euro actuels, je rappelle à tous ceux qui n’étaient pas nés ou qui, comme Tatie Clara, mangeaient du Kiri en regardant les Télétubbies lors du changement de monnaie en 2002 que le film a été tourné 10 ans plus tôt), cette comédie dramatique parfois rude demeure irrésistible, pour qui accepte de rire du pire de l’humanité !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver REC (Comment un reportage peut soudainement virer au cauchemar ? Tueur en série ou créatures démoniaques, le boulot de journaliste n'est décidément pas choses facile !) ou encore JCVD (Les belges ont un esprit cinématographique à part... Vrais-faux documentaires, ces deux films venus du plat pays nous offrent deux acteurs impressionnant, Benoit Poelvoorde et Jean-Claude Van Damme !).

Et dire qu’à la base C’est arrivé près de chez vous n’était destiné qu’à être un film d’étudiant, sanctionnant la fin des études de cinéma de Rémy Belvaux en Belgique… L’idée était de parodier une célèbre émission de télévision belge en imaginant des journalistes dressant le portrait cathodique d’un tueur en série suivi au jour le jour, dans sa vie quotidienne, familiale et meurtrière…

Assez mal accueilli par les enseignants qui ont eu à le visionner, l’objet a continué de mûrir dans l’esprit tourmenté de Belvaux, lequel a décidé d’entrainer ses camarades Poelvoorde et Bonzel dans une version longue de la chose. Des scènes coupées et de nouvelles, tournées pour l’occasion se sont donc rajoutée, portant le film à 95 minutes brutes de décoffrage, celles auxquelles vous venez d’assister.
Dire que la projection cannoise de C’est arrivé près de chez vous en 1992, à la Semaine de la Critique, a fait du bruit est un euphémisme : adulé et détesté, le film est reparti de la Croisette avec une réputation sulfureuse qui bien entendu lui a merveilleusement servi lors de sa sortie en salles ! Quelques scènes sont devenues des références et restent, des décennies plus tard, absolument imparables : je pense évidemment à ce cocktail « Petit Grégory » au goût discutable mais à la saveur délicieuse…

Pour Benoit Poelvoorde, le film a été une rampe de lancement hallucinante. Ami de Belvaux et Bonzel à l’origine, il ne se destinait pas du tout à la comédie. Sa performance avouez-le est tout bonnement stupéfiante et dans ce tout premier rôle, on sent le potentiel incroyable que l’acteur belge a depuis largement déployé au fil de sa filmographie : des Randonneurs à Podium », des Emotifs anonymes à Coco avant Chanel, de Rien à déclarer à Astérix aux jeux olympiques, du Grand soir à Saint amour. Cet acteur-là, bien qu’il s’en défende, fait partie du tout petit club des surdoués, constamment sur le fil du rasoir, dont le jeu n’est jamais barbant mais au contraire au poil !

C’est arrivé près de chez vous est un film belge en noir et blanc parodiant l’émission Strip-tease. Rémy Belvaux, un jeune cinéaste fraichement diplômé, réalise le film et s’entoure pour l’occasion de deux anciens camarades de classe, André Bonzel et Benoît Poelvoorde. ...

Tout allait bien. Le ciel était bleu, les oiseaux piaillaient en coeur, les jupes des filles se soulevaient fugacement au rythme d'une douce petite brise, les enfants couraient autour d'une balle rebondissant au grès des jeux de jambes, bref, tout allait bien dans le plus parfait ...

Etrangement, j’ai repoussé la découverte de ce film pendant des années, je crois que je craignais que le fond de l’histoire ne soit trop noir pour mon petit cœur de Stéphanois sensible. Je ne connaissais que quelques scènes aperçues par bribes et le légendaire « Gamin ...