CARMINA !

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A Séville, Carmina, une femme extravagante, manipulatrice, aux rondeurs de mama, décide à la mort subite de son mari chéri de ne pas déclarer son décès, afin de continuer d’encaisser son salaire. Elle convainc sa fille Maria qu’il s’agît d’une sage décision. Une succession de péripéties et de situations plus loufoques les unes que les autres vont bouleverser alors la feuille de route de Carmina… 

Paco Leon, réalisateur de cette comédie noire, était acteur avant de se lancer dans ce projet intégralement bâti autour de la personnalité haute en couleur de sa mère, Josefina del Carmen Barrios Huertas, dite Carmina, âgée de 58 ans à l’époque. Le film doit beaucoup à sa nonchalance vaguement inquiétante et au plaisir qu’elle prend à se montrer naturelle, forte de son accent sévillan, typique du quartier populaire de Triana où cette femme a grandi. Et pourtant, elle n’avait jamais joué la comédie auparavant. 

Le titre espagnol, Carmina o revienta, se joue avec humour de l’expression “Camina o revienta” qu’on pourrait traduire en français par “Marche ou crève”. Après tout, il est question de la survie économique du personnage, sans ressources à partir du moment où son mari trépasse. A travers le personnage, Paco Leon racontait un peu de l’Espagne de l’époque, livrée au système D et toujours prompte à faire de ses malheurs une fête. Carmina est définitivement une entreprise familiale quand on sait que la fille de Carmina dans le film l’est aussi dans la vie. Un an plus tôt, Maria Leon avait reçu la Coquille d’argent de la meilleure actrice à Saint-Sébastien pour le film La Voix dormante.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS (Parce qu'on trouve dans les films de Paco León des situations extravagantes et des personnages féminins au fort caractère qui rappellent ceux des films de Pedro Almodovar.) ou encore AMADOR (Parce que les deux histoires sont très proches : une femme de ménage hésite à déclarer le décès du vieil homme pour lequel elle travaille afin de continuer à toucher sa paie.).

A sa sortie, Carmina a valu une pluie d’éloges à Paco Leon que le journal El Pais n’a pas hésité à qualifier de “nouveau Pedro Almodovar”. "La comparaison me flatte  car je l’admire profondément” confiait le cinéaste. De fait, Don Pedro avait dit publiquement tout le bien qu’il avait pensé du film et de son personnage de mère qui pouvait, de loin, rappeler la sienne, omniprésente dans son cinéma.  

Évoquant ses influences cinématographiques, Paco Leon a reconnu l’importance du cinéma italien des années 70-80 (Dino Risi, Ettore Scola, etc.) qu'il admire. Pour autant, il assure s’être nourri tout autant de la réalité de l’Espagne et des ses particularismes andalous, sans avoir “cherché à faire un film social”. C’est d’abord le portrait d'une anti-héroïne contemporaine inspirée et interprétée par sa mère” qu’il a voulu offrir. Ce faisant, l’exercice a été l’occasion d’inscrire Carmina dans le contexte où elle vit et d’évoquer pêle-mêle la crise, l'immigration, la monarchie, ou le téléphone rose…  

Paco Leon rejoint Almodovar lorsqu’il dit que “chaque mère peut être le sujet d’un film”. Par son caractère féroce, capable de tout pour défendre les siens, on ne doute pas en effet qu’il existe des Carmina partout à travers le monde. “Pour avoir présenté le film en Amérique latine, en Australie, au Canada et au Royaume-Uni, je peux vous dire que le personnage est vraiment compris par tous”.

Carmina y amen est le second film de Paco Leon. C'est aussi la suite du premier. Néanmoins il peut être apprécié sans avoir vu le premier. La prouesse du premier : faire un film pour 40 000 euros dans un pays rongé par la crise où le téléchargement illégal détruit les ...