CASANOVA 70

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Dans les années 60, le cinéma européen s'est entiché des grandes figures de la littérature classique pour tenter de les imaginer, voire les propulser dans un futur proche, en accolant aux légendaires personnages, dans les titres, un 70. Pendant qu'en Angleterre c'est plutôt du côté des mythes du fantastique qu'est allé piocher cette éphémère parenthèse, en Italie, on revisitait Manon Lescaut, les contre de Boccace ou le parcours de Casanova.

Le séducteur italien le plus célèbre de l'histoire n'est pas des plus en forme dans Casanova 70, où sous les traits d'un officier de l'OTAN, il enchaîne les conquêtes féminines mais finit par s'allonger seul sur le divan d'un psychanalyste. De quoi donner l'occasion à Mario Monicelli et Marcello Mastroianni d'égratigner les latin lover et leur machisme.

En dépit de son titre Casanova 70 s'avère une étonnante jonction entre les années 60 dans sa désinvolture et son esprit yé-yé et la décennie qui suivra dans l'introspection d'une masculinité bientôt dépassée par la révolution sexuelle. Pas de quoi ternir les dernières heures de l'âge d'or d'une comédie italienne haute en couleurs, mais construire sa passation de pouvoir à un cinéma existentialiste plus tourmenté.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DERNIER AMOUR (Un autre film consacré à Casanova, plus précisément à la femme qu'il aima le plus, parce qu'elle s'évertua à lui échapper.) ou encore LE CASANOVA DE FELLINI (Une autre évocation, baroque, du plus célèbre des Don Juan).

Casanova 70 fut le film de la revanche pour Mario Monicelli. Trois ans avant cette évocation modernisée, le réalisateur avait participé à un autre film de la même veine, avec Boccace 70, relecture d'une poignée de contes de l'auteur du Decameron. Le sketch qu'il y avait signé avait cependant été éjécté du montage exploité en dehors de l'Italie, son producteur, Carlo Ponti se retrouvant avec un film de quatre heures, jugés inexploitable par les distributeurs étrangers. La guerre de tranchée qui s'était alors déclarée entre Ponti et Monicelli, trouva son armistice lorsque le premier jura de confier un long métrage entier dans la même collection au second. Ce sera Casanova 70.

Pour cuisiner à sa sauce ce personnage, Monicelli s'adjoindra les services d'Age et Scarpelli, le duo de scénariste avec qui il avait construit ses plus grands succès, de Les camarades au Pigeon et de Tonino Guerra, l'auteur régulier des drames intériorisés de Michelangelo Antonioni. Une collaboration idéale pour mettre en scène à la fois l'esprit libertin de Casanova et ses interrogations devant une libido de plus en plus en berne. A Age et Scarpelli la structure du récit, assez proche de celles des films à sketches, chaque aventure du Casanova, ici rebaptisé Andrea Rossi-Colombotti, suivant l'une ou l'autre des missions de ce militaire ; à Guerra ses mésaventures venant de plus en plus perturber les parties de jambes en l'air.

Marcello Mastroianni aura lui la charge d'interpréter le tombeur rattrapé par ses névroses. L'acteur, qui avait déjà travaillé à plusieurs reprises avec Monicelli, avait vu dans ce rôle, la continuité parfaite de sa propre entreprise de démolition de sa propre image de séducteur, entamée depuis quelques années avec ses rôles d'hommes frustrés dans Le bel antonio ou Hier, aujourd'hui et demain. La figure de Casanova, elle, tombera plus pleinement le masque un peu plus tard dans la version de Federico Fellini, mais aussi, sous les traits de Mastroianni pour une version des plus décaties, dans La nuit de Varennes, sous le regard, à nouveau italien, d'Ettore Scola.

Que peut-on reprocher à ce film qui n'a pas pris une ride ? Juste peut-être quelques longueurs sinon ce film est un régal. Notons déjà la distribution avec un Mastroianni impérial et des actrice féminines plus belle les unes que les autres (Virna Lisi, Marisa Mell, Michèle ...