CASQUE D'OR

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Septembre 1951, Jacques Becker (le père de Jean) donne le premier tour de manivelle de son nouveau film, Casque d’or qui, sans aucun succès à sa sortie, finira par devenir un chef d’œuvre reconnu et son film préféré. Sur un scénario qu’il a coécrit avec Jacques Companeez (le père de Nina) et dans des décors signés Jean D’Eaubonne, Becker redonne vie au Belleville de la Belle-époque, à ces mauvais garçons portant casquette et montre à gousset ainsi qu’à ses inspecteurs buvant de l’absinthe avec les caïds du quartier dans de sombres gargotes où le bourgeois vient s’encanailler.

Dans ce Paris d’avant 1900, les voitures sont à chevaux ; on lit Le Gaulois, « le plus grand journal du matin » ; on se rase au coupe-chou ; on s’aime aux accords de l’orphéon des guinguettes et on meurt sur l’air du Temps des Cerises.

Marie est belle et fière, et sa chevelure est si remarquablement blonde que tous la nomment « Casque d’or ». A la colle avec Roland, dit « Roland-Belle-gueule », un type un peu falot de « la bande à Leca » – qui, lui aussi, en pince pour elle – Marie va rencontrer Georges Manda, un honnête menuisier. Le coup de foudre est immédiat et réciproque mais, entre code d’honneur, trahison, vengeance et fidélité, la romance n’aura qu’un temps...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FRENCH CANCAN (1955) ou encore LE DEUXIÈME SOUFFLE (1966) .

Comment imaginer que cette histoire d’amour entre « un petit chat de gouttière tout en nerfs et une belle plante carnivore qui ne crache pas sur le fromage », comme la résumera François Truffaut, n’eut aucun succès à sa sortie, en avril 1952 ? Il faudra attendre sa présentation londonienne et le BAFTA (British Academy of Film and Television Arts Awards) de la meilleure actrice étrangère récompensant Simone Signoret, pour attirer à nouveau l’attention de tous sur ce film dont les origines remontent à la fin des années 1930.

En effet, avant Jacques Becker, Julien Duvivier, Yves Allégret et Henri-Georges Clouzot s’étaient successivement intéressés à cette histoire vraie, celle d’Amélie Elie, une jolie belle-de-nuit de la Belle-époque surnommée « Casque d’or », qui faisait tourner les têtes du côté de la rue des Orteaux et du boulevard de Charonne. Elle écrivit même ses mémoires : Mes Jours et mes Nuits, par Casque d’Or, Reine des Apaches, le nom donné, à l’époque, aux voyous de ces quartiers malfamés.

Alors que les producteurs souhaitaient lui imposer un beau jeune premier, Becker engage Serge Reggiani qu’il vient d’applaudir au théâtre dans Hamlet. Au cinéma, on l’avait déjà vu dans une vingtaine de films : en petit voyou dans le Voyageur de la Toussaint – avec une figurante nommée Simone Signoret –, en collabo et fils de collabo dans les Portes de la nuit et en souffleur de verre amoureux d’Anouk Aimée dans les Amants de Vérone.

C’est véritablement son rôle de Manda, dans Casque d’or, qui décidera des suites de sa carrière et marquera durablement les spectateurs. Et pourtant, ce grand rendez-vous faillit bien lui passer sous le nez. En effet, parti faire de l’escalade dans les Dolomites quelques semaines avant le tournage, il s’y cassa le péroné, ce qui, pour danser la valse, n’était pas l’idéal ! D’autant que Simone Signoret, qui ne savait pas danser la valse, désertait les cours de danse pour rejoindre son tout nouveau fiancé, un certain Yves Montand ! Résultats, malgré sa jambe douloureuse, Serge Reggiani fut obligé de porter sa partenaire pour faire croire à leur duo de danseurs accomplis, amoureux et seuls au monde.

Quant à Simone Signoret et Claude Dauphin, ils se retrouveront, treize ans plus tard, frère et sœur dans Compartiments tueurs, le premier film de Costa-Gavras, puis, en 1977, au cœur d’un Belleville plus bruyant et plus coloré que celui de Casque d’or, dans la Vie devant soi, de Moshé Misrahi, elle, en Madame Rosa, ancienne prostituée juive déportée à Auschwitz, prenant sous son aile les enfants de ses jeunes consœurs, lui en vieux docteur juif dévoué et, peut-être, encore amoureux...

A la belle époque, une histoire d'amour chez les apaches: superbe cadre pour un drame romantique. Pendant que les riches viennent s'encanailler dans les milieux interlopes, les ouvriers travaillent. Ce sont dans les guinguettes, le dimanche en bord de Marne, que tout le monde ...

Marie est LE rôle qui a fait de Simone Signoret la légende qu'elle est devenue. La majorité des gens à qui l'on pose la question sur ce qu'est leur film préféré avec l'actrice citeront le Becker. Les titres des journaux le jour de sa disparition en sont la preuve. A ...

Rien n’annonce, dans l’exposition de Casque d’or, la tragédie en sommeil. Echappée dans les guinguettes de la Belle Epoque, le film s’ouvre sur la Marne et ses plaisirs tous droits sortis des nouvelles de Maupassant. Lieu de valse, de rencontre, Joinville sera aussi ...