CELLULE 211

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C’est peut-être une question de karma mais Juan n’est pas vraiment ce qu’on appelle un gars verni ! Surveillant de prison débutant, il se retrouve le jour de sa prise de fonction au cœur d’une épouvantable révolte de détenus. Le quartier de haute sécurité se transforme vite en enfer et notre maton ne voit qu’une solution pour s’en sortir sans trop de dégâts : se faire passer lui aussi pour un prisonnier ! Après-tout, il commence à peine, personne ne le connaît dans les couloirs...Le souci, c’est que l’ETA, la politique et les conditions de vie extrêmement rude dans cet univers clos en ébullition vont chambouler tous ses plans...

Daniel Monzon a non seulement tourné son film dans les locaux d’une ancienne maison d’arrêt mais il lui apporte surtout un style documentaire qui multiplie l’impression d’urgence et de réalisme des faits qu’il raconte ! Vous allez littéralement avoir la sensation de faire partie de cette insurrection et de marcher dans les pas de moins en moins rassurés de Juan...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN PROPHÈTE (La prison est un univers fascinant à filmer, surtout quand elle sert de décors à l'accomplissement de destins chahutés.) ou encore TUEURS NÉS (Une révolte de prisonniers : quel formidable spectacle de cinéma ! Oliver Stone et Daniel Monzon sont des virtuoses de la caméra et le lieu clos de la prison leur permet d'explorer tous les ressorts de cette figure imposée.).

Attention : en Espagne, ce film de Daniel Monzon est considéré comme un véritable phénomène, comparable à ce qu’a pu être Un prophète de Jacques Audiard, sorti d’ailleurs la même année en 2009. Tous deux ont attiré 2 millions de spectateurs dans les salles, multiplié les récompenses, (10 Goyas pour Cellule 211, 9 César pour Un prophète) et tous deux nous ramènent à cet univers cinématographique si particulier qu’est la prison.
Un lieu clos, dangereux, répondant à ses propres règles. Du Trou à Midnight express, ou de Papillon à L’évadé d’Alcatraz en passant par Tueurs nés ou La ligne verte, il y a quelque chose de physiquement dérangeant à aller explorer, même du coin de l’œil, ce monde parallèle où chacun d’entre nous peut un jour se retrouver au hasard d’un accident de parcours...

Monzon adapte ici un roman qui avait lui aussi beaucoup fait parler de lui de l’autre côté des Pyrénées : signé Francisco Perez Gandul, le livre était resté de longue semaines en tête des meilleures ventes en 2004. La version cinéma en est le calque fidèle, mettant juste des images sur des mots très forts prononcés par un des prisonniers de l’histoire : « Ici, notre monde n’est pas si différent du monde extérieur. Mais si le monde extérieur est un concert en plein air, alors la prison en est la version MP3... »
Pour plus de réalisme encore, le metteur en scène a pu bénéficier de la présence devant sa caméra de centaines de figurants vraiment en situation, puisque détenus eux-même ! Pas étonnant donc que le message de Cellule 211 passe si efficacement : qui pourrait mieux que ces hommes là témoigner des conditions d’incarcération parfois moyenâgeuses de nos centres de détention occidentaux. Manzon n’excuse à aucun moment les crimes commis par ces criminels, il évoque juste l’idée que l’on ne peut pour autant les traiter comme des animaux...Un mot du casting : dans le rôle de Apache, un des révoltés, vous avez découvert Carlos Bardem, qui a plus qu’un air de famille avec son célèbre frère, Javier...