CHACUN CHEZ SOI

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Depuis le début des années 2000, les seniors français se sont taillés une part de roi dans le public qui va au cinéma, jusqu'à faire jeu égal avec les adolescents. Il était assez logique que les comédies prennent en compte ce duel sociologique de spectateurs. Jusqu'à faire du conflit de génération un sujet de plus en plus récurrent. 

Michèle Laroque s'en empare dans sa troisième réalisation : Chacun chez soi sème la zizanie entre un couple pas loin de la retraite et celui formé par leur fille et son petit ami. Surtout lorsque ces derniers, victimes de la crise du logement, s'installent chez les parents. 

Laroque en profite pour régler ses comptes avec d'autres sujets du moment, de l'écologie au boboïsme, mais sans autre prétention que d'en rire. L'actrice/ réalisatrice mettant surtout son énergie au service d'un rythme tambour battant ou à une inattendue tendresse, Chacun chez soi visant surtout à réunir tout le monde autour d'une comédie familiale bon enfant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TANGUY (Une autre comédie intergénérationelle sur fond de cohabitation familiale) ou encore SOUS LE MÊME TOIT (Comme "Chacun chez soi", il est question ici de savoir vivre dans la même maison quand on ne s'entend plus.).

Chacun chez soi n'est donc pas le premier long-métrage réalisé par Michèle Laroque mais reste une première : il s'agit d'une commande que lui ont passé les producteurs Didier Lupfer, Alain Terzian et Dominique Farrugia sur la foi du succès de Brillantissime, son passage derrière la caméra. Laroque y a vu un contrepied à ce galop d'essai : puisqu'il parlait, comme le one-woman-show dont il s'inspirait, d'une femme devant faire façe à un divorce, Chacun chez soi serait l'occasion pour elle de suivre un couple qui résiste à tous les assauts sans jamais envisager de rupture. 

Laroque a suivi cette idée jusque dans le principe de construire son second film comme un huis-clos là ou le premier visait à extérioriser son personnage comme son ressenti. Sa mise en scène s'est donc recentrée autour du décor principal, une véritable maison familiale filmée comme un cocon peu à peu rempli par l'hyperactivité des couples ou le besoin de se réfugier pour Yann, ce mari incapable de s'adapter à sa nouvelle vie depuis qu'il a été licencié. 

Ainsi, même si Chacun chez soi s'inscrit dans une lignée de comédies françaises inter-générationnelles – Du Tanguy, film séminal de ce genre en soi, au Marie-Francine de Valérie Lemercier ou au doublé Retour chez ma mère/Un tour chez ma fille – tout en tentant de s'en émanciper. Sans pour autant renier une part d'entreprise familiale : Oriane Deschamps qui joue ici la seconde fille de Catherine, est dans la vie celle de Laroque. Qui a aussi convié dans son film, sa propre chienne...