Avant de réaliser ses propres films, Hideo Nakata avait passé sept ans comme assistant au studio Nikkatsu, alors engagé dans la production de pinku eiga, ou films érotiques. Nakata avait beaucoup appris au contact de Masaru Konuma, un des maîtres du genre, spécialisé dans le bondage, et à qui Nakata a d’ailleurs consacré un documentaire. Interrogé à propos de son expérience à la Nikkatsu, Nakata a déclaré qu’elle avait été très profitable parce que dit-il « les mécanismes de la peur et de l’excitation sexuelle sont assez proches ». On retrouve l’influence de Konuma dans Chaos, avec ses plans de l’épouse ligotée et baillonnée.
Plus tard, l’intrigue évolue, toujours dans la tradition du cinéma SM, vers une inversion des rapports entre la prisonnière et son geôlier, l’apparente victime se révélant la véritable manipulatrice. Bien que manifeste, cette influence ne fait qu’ajouter une coloration à un mystère dont les références les plus évidentes sont à chercher du côté d’Hitchcock et de Tarantino.
Plutôt que d’exploiter l’action ou de dévoiler trop d’indices à la fois, la mise en scène privilégie l’atmosphère à coups de cadrages étudiés, et d’imperceptibles travellings avant. L’atmosphère est amplifiée par une partition à base de percussions qui souligne subtilement la charge érotique entre le kidnappeur et sa victime. La musique est signée Kenji Kawai, qui s’est rendu célèbre pour ses compositions pour l’animateur Mamoru Oshii et Ghost in the shell. Nakata avait déjà fait appel à lui pour composer les ambiances sonores de Ring et le rappellera pour Ring 2.
L’utilisation de l’eau est également très intéressante. Elle est omniprésente sous différentes formes, et bien qu’elle ne signifie rien de particulièrement menaçant, elle préfigure un élément clé de Dark water, que Nakata réalisera trois ans après Chaos.