CHELSEA HOTEL

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William Burroughs, Robert Crumb, Milos Forman, Andy Warhol, Ethan Hawke, Dennis Hopper, Janis Joplin, Sid Vicious. Quel est le point commun entre tous ces artistes? Ils furent quelques-uns de la très longue liste des personnalités bohèmes à avoir séjourné à New York, au 222 West de la 23ème rue, au Chelsea Hotel. Ils se retrouvent aussi, interviewés ou en images d’archives, dans un documentaire passionnant d’Abel Ferrara, présenté hors-compétition au festival de Cannes 2008 et scandaleusement  toujours inédit en salles.

Le Chelsea Hotel, monumental monstre urbain de briques rouges sur onze étages, 250 chambres, construit en 1883, est un lieu mythique, protecteur d’une culture rebelle, celle de la Beat Generation et du punk rock, de Jack Kerouac qui y écrivit Sur la route aux accords de Dee Dee Ramone. En 2007, Stanley Bard, gérant depuis 1955, est viré par un groupe hôtelier propriétaire majoritaire. C’est pourquoi Ferrara entreprend ce film, préoccupé par les projets commerciaux des nouveaux patrons, qui sont décidés d’exploiter l’histoire de l’hôtel comme une page pittoresque d’un manuel scolaire et de le reconvertir pour une clientèle fortunée.

Chelsea Hotel n’est pas un documentaire classique. Le cinéaste de Bad Lieutenant est fasciné par la chute. L’enfer de l’alcool et de la drogue est omniprésent. La mort rôde dans les couloirs, tâchés du sang de Sid, des témoins évoquent la présence de fantômes, d’autres racontent leur attaque cérébrale. Autant de métaphores qui nous plongent dans l’âme torturée du personnage central, le Chelsea Hotel, cette forteresse rageuse qu’on croyait immortelle, terrassée par le libéralisme capitaliste.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHELSEA WALLS ou encore THE CHELSEA GIRLS .

On peut regretter les reconstitutions fictionnelles filmées par Ferrara, pas vraiment convaincantes. Paradoxalement, leur maladresse ne fait que renforcer la force dramatique du reste. La vraie fiction est là, dans les images d’archives, dans le reportage du cinéaste dont la caméra fureteuse se permet toutes les libertés.

Menant les entretiens, Ferrara n’hésite pas à entrer dans le champ, à retentir d’un rire essoufflé, imposant un regard tendre mais cruel, émerveillé par les histoires de dopes et obsédé par la déchéance, comme Dennis Hopper. Guide d’une véritable plongée dans les enfers, bouffon gesticulant dans un lieu qu’il sait condamné, il laisse parfois filmer son corps baroque, cheveux blancs ébouriffés. Attendri ou moqueur, il enregistre les théories ésotériques de quelques locataires. De sa voix brisée, il lance des vannes. Et fait parler de la mort, au cœur des récits : le suicide, le 11 septembre, l’absurdité des crimes de guerre, l’héroïne, le meurtre.

La fragile silhouette de Stanley Bard, montant les escaliers avec Milos Forman, encore et toujours obnubilé par une histoire de pompiers, évoque les héros fatigués des derniers westerns de John Ford. Chelsea Hotel écrit la légende d’un lieu unique, témoin d’une époque où la culture pouvait exprimer toutes ses convulsions, même les plus noires. Aujourd’hui, elle est récupérée par des plans marketings qui étouffent sa violence. Ferrara, dont les derniers films ont de plus en plus de difficultés à sortir en Europe, semble se poser la question à lui-même. Le Chelsea Hotel disparaît : demain, quelles libertés auront encore les artistes ?

Ah ce sacré Abel ! Toujours aussi allumé, mélange détonant de grand grand talent et de foutage de gueule intégral. Et tout le bonhomme est dans ce film, et aussi dans le sujet qu'il évoque, le célébrissime Chelsea Hotel à NY. L'endroit est mythique, s'est cassé la gueule, ...