CHITTAGONG

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Si vous manquez de grands espaces depuis quelques temps, voici peut-être une alternative qui vous offrira une bonne dose de dépaysement... Chittagong est une ville méconnue du Bangladesh, (pays je vous l’accorde assez méconnu lui aussi par nous autres occidentaux), où va échouer Paul, le capitaine français d’un cargo qui vient d’être désarmé par ses armateurs... Paul erre sans but ni envie, jusqu’au moment où ses pas vont croiser deux de Moti, un petit garçon d’une dizaine d’années, et d’Alima, sa maman...

Ce trio improbable va engager un bout de chemin en commun, changeant pour toujours de destin... La beauté des images, (tournées sur place par le cinéaste Léon Descloseaux, grand connaisseur de cette partie du monde), confère au film la langueur vagabonde d’un voyage au fil de l’eau...

Julien Maurel et le jeune Bilal Mia en sont les heureux naïfs, ballottés par la vie, les éléments et les sentiments...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CAPRICES D'UN FLEUVE (Le fleuve ou la mer restent des énigmes qui fascinent et envoûtent les hommes depuis le début des temps. Certains s'y perdent, d'autres y renaissent...) ou encore MADE IN BANGLADESH (Misère et splendeur d'un pays lointain dont nous ignorons presque tout. Ces deux films nous en proposent les coins et recoins fascinants...).

Ne nous mentons pas : le cinéma venu du Bangladesh ou qui évoque ce pays n’inonde pas franchement nos écrans ! Chittagong est une sorte d’exception mais d’autres films confirment cette règle. Le plus connu à l’international est sans doute Made in Bangladesh, sorti en 2019, réalisé par Rubaiyat Hossain, une cinéaste qui a osé s’attaquer à un des tabous économiques qui maintient pourtant son pays hors de la misère absolue : les dangers de l’industrie textile. A Dacca, la capitale, et dans les environs, des dizaines d’usines fabriquent à petit prix les vêtements que nos marques préférées vendent ensuite dans leurs boutiques. Robes, teeshirts, pantalons, etc, confectionnés par des travailleurs parfois mineurs, entassés dans des locaux dangereux. Le film raconte un incendie mortel, inspiré de tant d’autres catastrophes... 

Cette réalisatrice se passionne pour les sujets épineux puisque son premier film en 2011, Meherjaan était lui consacré à l’amour interdit entre une femme bengali et un soldat pakistanais lors de la guerre de libération du Bangladesh en 1971. Le long métrage avait fait scandale dès son tournage et avait dû être retiré des écrans une semaine seulement après sa sortie ! Alors n’interprétez pas mal ce que je disais plus haut : il existe une industrie du cinéma au Bangladesh, même si nous en voyons très rarement les productions... La capitale Dacca accueille même de gigantesques studios baptisés Dhallywood où sont tournés des dizaines de films principalement mélodramatiques, destinés aux spectateurs locaux...

Et puis ce pays d’Asie est également une terre de tournage, où de nombreux cinéastes sont allés poser leurs caméras. En France, citons Pierre-François Martin-Laval, (dit P.E.F), pour Fahim en 2019, l’histoire d’un petit exilé politique se révélant champion d’échecs en France ou encore la superproduction hollywoodienne Tyler Rake avec Chris Hemsworth en 2020 qui imaginait un mercenaire découvrant les charmes et dangers de ces contrées à l’occasion d’une mission...