CLÉRAMBARD

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Le comte Hector de Clérambard est un despote sans le sou et débordant de rancœur. Pour conserver son château qui tombe en ruines, il vit d’expédients et mène sa famille à la baguette, n’hésitant pas à occire tous les bêtes qui passent dans son champ de vision. Jusqu’au jour où, après avoir croisé Saint François d’Assise, il effectue un virage à 180° et se fait l’avocat de tous les animaux, araignées comprises. Il prône en parallèle un mode de vie plus décontracté, loin des contingences matérielles, entreprenant de marier son fils à la prostituée du village. On ne peut pas dire que tout le monde soit convaincu…

Avant d’être un film d’Yves Robert, Clérambard est une pièce de Marcel Aymé, créée en 1950 sur la scène de la Comédie des Champs-Elysées. En attendant de passer le relais au cinéma à Philippe Noiret, c’est Jacques Dumesnil qui incarne sur scène l’étrange aristocrate. Il reprendra le rôle quatre ans plus tard, avant de céder la place à Jean-Pierre Marielle en 1986, puis à Jean-Marie Bigard en 2008.

Tous ces comédiens ont en commun une truculence qu’ils se sont régalés à transmettre au personnage, sans hésiter à en faire parfois beaucoup. Il faut dire que nous ne sommes pas ici dans le domaine du réalisme : Clérambard est, on l’aura compris, une fable. Ou comment un tyranneau de province devient un modèle libertaire après avoir été touché par la grâce. Si la pièce est datée de 1950, le film a été réalisé en 1969, soit quelques mois à peine après mai 68. La douce brise libertaire qui souffle sur le film en porte sans doute quelques parfums.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ALEXANDRE LE BIENHEUREUX (C'est la même époque de production, le même acteur dans le rôle titre, le même réalisateur, le même profil thématique (fable anarchisante)) ou encore AFFREUX SALES ET MÉCHANTS (Le milieu n'est pas le même, mais c'est une comédie très transgressive sur une famille pas comme les autres).

Si Clérambard n’est pas le film le plus célèbre d’Yves Robert, son box-office étant resté pâlot quand tant d’autres films du réalisateur d’Un éléphant ça trompe énormément tutoyaient les cimes, il mérite amplement d’être réévalué. Il est en tous cas au cœur de l’univers du cinéaste, chantre d’une France champêtre et bon enfant qui, depuis ses premiers films, Ni vu ni connu et bien sûr La Guerre des boutons, respire la joie de vivre et laisse fâcheux et esprits chagrins sur le bord de la route. Viscéralement attaché aux valeurs de la gauche, Yves Robert n’a jamais signé de film militant, mais son œuvre entière porte le sceau d’une humanité profonde, affranchie des conventions sociales les plus asphyxiantes. Si Dany Carrel incarne dans le film une fille de joie, c’est tout naturellement qu’Yves Robert a tenu pour ce qui le concernait à faire graver sur sa tombe le titre d’Homme de joie.

Boudé par le public, Clérambard précède dans sa filmographie l’un de ses plus grands succès, Le Grand Blond avec une chaussure noire, film qui révèlera Pierre Richard, même si le comédien apparaissait déjà dans Alexandre le bienheureux, réalisé par Yves Robert un an avant Clérambard. Ces deux films-là ont de fait beaucoup en commun. Outre d’être portés par un Philippe Noiret terrien, épicurien, au sommet de son talent, ils plaident l’un et l’autre pour une certaine douceur de vivre au cœur de la province éternelle. Mais Clérambard peut être vu comme une version plus noire, en tous cas plus grinçante d’Alexandre le bienheureux. On sent qu’Yves Robert ne s’est pas résigné à endosser une certaine dose de misanthropie qu’il est aisé de déceler dans l’œuvre de Marcel Aymé.

Une œuvre dont peut en tous cas s’enorgueillir la littérature, qui de La Jument verte au Passe-muraille se plaît à flirter avec un fantastique bon-enfant pour mieux fustiger les comportements sociaux égoïstes. Le cinéma a souvent trouvé son miel dans l’œuvre du signataire des Contes du chat perché. Faute de citer toutes les adaptations qui ont vu le jour sur un écran, retenons Garou-Garou, Le passe-muraille et La Jument verte, où Bourvil donne son meilleur, La Table aux crevés et Le Chemins des écoliers qui fleurent bon le cinéma français des années 50, ou encore La Vouivre et Uranus, qui développent une dimension plus sombre…

Clin D'œil : D'après la pièce de théâtre de Marcel Aymé. "Clérambard", avant d'être un film, est d'abord une pièce de théâtre de Marcel Aymé représentée pour la première fois le 13 mars 1950 sur la scène de la Comédie des Champs-Élysées. Elle y sera à nouveau ...

Philippe Noiret incarne un compte tyrannique et complément désargenté.C'est le parfait rustre que personne n'ose contredire par peur de sa réaction. Même pas sa famille qu'il mets au travail jour et nuit,afin de confectionner des tricots.Il se balade toujours fusil de chasse ...