CRAVATE CLUB

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A l’origine de Cravate club , le film de Frédéric Jardin sorti dans les salles en 2002, il y a la pièce de théâtre écrite par Fabrice Roger-Lacan  et jouée pour la première fois l’année précédente au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse, à Paris, dans une mise en scène d’Isabelle Nanty. Charles Berling et Edouard Baer qui créèrent la pièce reprirent leurs rôles au cinéma. Notons au passage qu’Edouard Baer obtint pour ce rôle le Molière de la révélation théâtrale masculine. Et fermons la parenthèse théâtrale en ajoutant que, succès public aidant, cette pièce a connu depuis sa création de multiples reprises en France mais aussi à l’étranger et notamment dans l’espace francophone.

Adrien, c’est Edouard Baer et Bernard, c’est Charles Berling. Amis très proches depuis longtemps, ils dirigent ensemble un cabinet d’architectes. Certes, leurs modes de vie diffèrent sensiblement, mais l’essentiel les rassemble. Jusqu’à ce jour a priori comme les autres où le soir des quarante ans de Bernard, Adrien lui apprend qu’il ne pourra pas assister à sa fête d’anniversaire parce qu’il doit assister  au dîner mensuel de son club. Dès lors rien ne va plus entre ces deux vieux amis tellement complices et inséparables…

C’est au producteur Patrick Godeau que l’on doit l’idée de l’adaptation au théâtre de la pièce de Fabrice Roger-Lacan. Et c’est également lui qui la proposa au cinéaste Frédéric Jardin, ami d’Edouard Baer lequel avait tenu le rôle principal dans son premier film en tant que réalisateur, La Folie douce en 1994. On peut d’ailleurs parler de la bande à Baer, car c’est Fabrice Roger-Lacan qui a écrit avec lui le scénario du film réalisé par Baer lui-même en 2000, La Bostella.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MON POTE (On retrouve Edouard Baer, cette fois aux côtés de Benoît Magimel, pour une autre histoire d'amitié masculine.) ou encore UN PETIT JEU SANS CONSÉQUENCE (A l'origine pièce à succès comme le fut "Cravate Club", l'adaptation cinématographique par Bernard Rapp donna au texte une nouvelle dimension.).

Le passage du théâtre au cinéma n’est pas toujours évident, a fortiori quand les acteurs principaux restent les mêmes. Ces derniers doivent en effet trouver de nouveaux repères pour recréer un texte et des situations qu’ils connaissent par cœur mais qu’il convient nécessairement d’adapter.  C’est ainsi que Charles Berling, après le tournage, a fait part de son sentiment initial puis de ses évolutions : « Dès le départ Frédéric nous a proposé dans son premier scénario des choses qui m’ont un peu dérouté comme la danse ou le vis-à-vis avec la voisine, ou bien encore le rapport assez maladif au téléphone, etc. Mais il s’avère au final que c’est ce que je préfère dans le film ! ».

Quant à son complice de planches puis de plateau, Edouard Baer, il a également évoqué ce flottement initial en déclarant : « A force de jouer la pièce, on finit par avoir une musique. Au début, on était très désarçonné, Charles et moi. C’est une pièce qui faisait rire et tout à coup, à la même réplique, on n'avait plus de réaction. Frédéric a pris peu à peu possession de cet univers et imposé sa vision. ». On le voit donc, il a fallu au deux acteurs principaux un véritable temps d’adaptation pour que le film puisse trouver son identité face à la pièce, sans en être une pâle réplique par conséquent.

De film en film mais dans des genres différents, Frédéric Jardin affirme une belle constance pour l’amour du huis clos et les paris cinématographiques qu’il entraîne. C’est vrai comme on vient de le voir pour son troisième film, Cravate club. Mais c’était également vrai en 2000 pour son second film, Les Frères Sœur dans lequel deux frères scénaristes incarnés par José Garcia et Denis Podalydès s’incrustaient dans une soirée mondaine pour tenter de concrétiser leur hasardeux projet de film.  Et la tendance se confirmait de façon brillante et efficace en 2011 avec Nuit blanche un polar haletant qui se déroule dans une boîte de nuit. Unité de temps, de lieu et d’action, Frédéric Jardin est un classique qui décoiffe ! 

La réalisation adapte la pièce de théâtre éponyme sur un combat psychologique éprouvant. La curiosité obsessionnelle de Berling tente vainement de garder le contrôle des zones d'ombre de son ami, qui cherche par tous les moyens à garder son jardin secret. Cas d'école ...