DEADLOCK

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Deadlock - L’impasse - est l’un des huit films sortis en 2021 avec Bruce Willis au générique, avant que son agent et sa famille n’annoncent en mars 2022 par un communiqué officiel que l’acteur souffrait d’aphasie : une maladie dégénérative qui provoque des troubles de la communication, lesquels se manifestent dans l'expression et/ou la compréhension orale ou écrite. Un coup dur pour l’acteur né en 1955, devenu dans les années 80/90 l’une des plus grandes têtes d’affiche du cinéma hollywoodien, incapable dès lors de servir le moindre texte. Poignant. 

Thriller de série B, Deadlock est l’histoire d’un chef d'une bande de mercenaires terroristes, qui aveuglé par son désir de vengeance - maintient les employés d'une centrale hydraulique en otage… L’un d’eux, un ancien soldat d'élite, va essayer de les libérer depuis l'intérieur… La particularité de ce film, qui le rend unique dans la filmographie de Willis, est qu’il s’y voit confier le rôle du méchant de l’histoire. Un véritable psychopathe prêt à engloutir toute une région sous les eaux en faisant sauter un barrage…

Face à lui, c’est ainsi l’acteur Patrick Muldoon (1968), formé à la télévision dans les années 80 (Madame est servie, Sauvés par le Gong, Melrose Place) qui joue à être Bruce Willis en quelque sorte, celui qui sortait vainqueur de la trilogie Die Hard, mais sans les moyens mis à sa disposition par John McTiernan, ni le charisme de son modèle. C’est donc comme un document qu’il faut voir ce film dans lequel Bruce Willis semble tourner définitivement le dos à son glorieux passé.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DEATH WISH (2018) (Emblématique des films d'action de série B tournés par Bruce Willis avant de devoir abandonner le cinéma pour raisons de santé) ou encore HARD KILL (2020) (Un même esprit et toujours la nécessité de sauver le monde pour Willis, ici inventeur d'une arme fatale convoitée par des terroristes kidnappeurs).

Archétype du film de série produit dans les années 2010/2020, Deadlock est écrit et réalisé par Jared Cohn, responsable d’une dizaine de films de série, destinés le plus souvent à une sortie directement en vidéo. “J’adore le cinéma d’action” dit cet admirateur des blockbusters années 80/90 et fan absolu de la trilogie Die Hard. Des années plus tôt, il écrit un script qu’il intitule Reactor qu’il situe dans une centrale nucléaire objet d’une prise d’otages. A mesure qu’il va au devant de producteurs, il procède à diverses réécritures, jusqu’à rencontrer les dirigeants de Saban Films. Ce sont eux qui pour des raisons de budget imaginent que l’action puisse se dérouler dans une centrale hydraulique, repérée en Georgie. Quand ils obtiennent le feu vert de Bruce Willis, pour Jared Cohn la route se dégage. 

Au long des diverses interviews accordées aux Etats-Unis pour la promotion de son film, Jared Cohn oscille entre frustration et fatalisme. “J’essaye d’offrir du divertissement avec les moyens qu’on m’offre. Si j’avais disposé de plus de temps de tournage, j’aurais fait un meilleur film, mais bon…” La principale difficulté rencontrée durant ce tournage ? “Le bruit de l’eau dans cette centrale lorsqu’on tournait” dit-il amusé. Mais on ne pouvait pas tout arrêter ! Et puis la difficulté de contenter tout le monde durant le montage. Chacun autour de moi avait son idée…” Et son plus grand plaisir ? D'avoir pu diriger Bruce Willis “tellement disponible et cool. Autour de lui, tout le monde avait envie de donner le meilleur”. 

Toutes ses scènes dans Deadlock où il apparaît essentiellement assis, ont été tournées dans la même journée. Quelques mois plus tard, Jared Cohn avait le privilège de tourner un autre film avec la star, Vendetta, avant que sa maladie ne soit cette fois rendue publique. En mars 2022, la cérémonie des Razzie Awards - qui récompensent les nanars de l’année - avait prévu de rendre un hommage particulier à Bruce Willis pour l’ensemble de son œuvre en 2021, soit huit films considérés parmi les plus remarquables par leur sublime médiocrité. L’annonce faite, les organisateurs, provocateurs, mais seulement jusqu’à une certaine limite, renonçaient  à cette anti célébration.  En 2022, ce sont huit autres films qui sont sortis avec Bruce Willis au générique. Usé jusqu'à la corde.