DEMANDE À LA POUSSIÈRE

en VOD

Demande à la poussière est un film de l’Américain Robert Towne qui, dès 1960, écrivit des scénarios pour des réalisateurs aussi différents que Roger Corman, Hal Ashby ou Roman Polanski. Incognito, il devint, également, script-doctor. Des films comme Bonnie and Clyde, A cause d’un assassinat ou Greystoke, la légende de Tarzan ne seraient pas tout à fait ce qu’ils sont sans ses discrètes interventions.

Grand ami du romancier américain d’origine italienne John Fante (1909-1983) – « un homme qui avait changé l’écriture » dira Charles Bukowski –, Robert Towne souhaitait depuis longtemps adapter l’un de ses romans. Passé à la réalisation au début des années 1980, avec notamment Tequila Sunrise, il écrivit l’adaptation de Demande à la poussière, le troisième et le plus célèbre des romans de Fante, publié en 1939. Le financement, lui, se fit attendre jusqu’au milieu des années 2000 !

Pour raconter l’histoire de Camilla, l’ambitieuse Mexicaine en quête d’un mari fortuné, et d’Arturo, l’écrivain d’origine italienne, aventureux et fauché, au temps de la Grande Dépression, il fit appel à la Mexicaine Salma Hayek et à l’Irlandais Colin Farell. En voisin de chambre impécunieux, barbu et moustachu, vous reconnaîtrez le Canadien Donald Sutherland, 71 ans.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SHAKESPEARE IN LOVE (1998) (Un auteur – et non des moindres – qui cherche l’inspiration, va rencontrer l’amour...) ou encore LE MAGNIFIQUE (1973) (Ecrivain sans le sou, François Merlin est amoureux de sa voisine du dessus et la mêle aux aventures de son héros, le beau Bob Sainclar.).

Demande à la poussière fut un film très long à monter, et ce malgré la présence de Johnny Depp, un temps intéressé par le rôle d’Arturo Bandini, héros récurrent de John Fante et déjà incarné à l’écran en 1989 par Joe Mantegna dans Bandini, une production américano-italo-franco-belge du Belge Dominique Deruddere. Lorsque Robert Towne rencontra Fante pour la première fois, dans les années 1970 alors qu’il travaillait sur le scénario de Chinatown – qui lui vaudra l’Oscar du meilleur scénario –, c’est à Al Pacino, âgé d’une trentaine d’années, qu’il pensa immédiatement. Le projet ne se faisant pas, c’est Johnny Depp qui s’intéressa au personnage, avant de l’abandonner à Val Kilmer qui, à son tour, l’abandonna à Colin Farrell, quelques jours avant le tournage et pour des raisons personnelles qu’il n’explicita pas davantage.

Avant que Salma Hayek ne finisse par accepter le rôle de la fière Camilla, qu’elle avait tout d’abord refusé, Robert Towne avait pensé, un moment, engager la comédienne d’origine cubaine Eva Mendes, qui venait d’être la partenaire de Will Smith dans Hitch, expert en séduction. Une fois l’équipe (enfin) au grand complet, c’est au printemps 2004 que Demande à la poussière fut tourné, en partie à Los Angeles, en partie en Afrique du Sud, où les décorateurs purent reconstruire la ville des anges comme elle était dans les années 1930, et comme Fante l’avait décrite dans son roman. Le film fut, entre autres, produit par Tom Cruise, un ami de Robert Towne qui avait écrit ou coécrit les scénarios de Jours de tonnerre, la Firme, Mission : Impossible 1 et 2. 

Dans le documentaire qu’il consacra à John Fante en 1995, le cinéaste français René Féret, auteur de la Communion solennelle et de Baptême, donna la parole à Peter Falk. Grand admirateur du romancier, le comédien, débarrassé de son imperméable et de sa 403 décapotable, explique que Fante s’était mis à l’écriture « comme un poisson se met à l’eau. Ça ne lui demandait aucun effort ». Il évoque, également, mais sans en dire plus, un projet de Claude Berri, finalement abandonné. Il se serait agi, en fait, de l’adaptation de Mon chien stupide, l’un des derniers romans de Fante, qu’aurait produite Berri, qu’aurait interprétée Falk et qu’aurait mise en scène John Turturro. Enfin, à propos du vieux projet de Robert Towne d’adapter Demande à la poussière, dont tout Hollywood a entendu parler un jour ou l’autre, Peter Falk affirme : « Robert Towne est un grand scénariste et un réalisateur génial. D’une façon ou d’une autre, il fera son film. » Nous étions en 1995, Demande à la poussière sortira... onze ans plus tard !