DETACHMENT

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Après avoir abordé le thème du racisme dans American History X, le réalisateur Tony Kaye s’attaque au thème de l’éducation, avec cette histoire de prof remplaçant dans un lycée difficile de la banlieue new yorkaise, un homme retranché en lui-même mais dont le détachement va être bouleversée par la rencontre avec ses élèves et une jeune prostituée.

Le thème n'est pas nouveau et pourtant voilà bien un film qui surprend, nous prend et ne nous lâche plus. D'abord à cause du personnage principal, un homme perclus de doutes et taraudé par de vieux démons, et à cause de son interprète, Adrian Brody, qui trouve là son meilleur rôle depuis Le pianiste de Roman Polanski. Il est subtilement déboussolé, déboussolant.  Il faut dire qu'il s'est senti très concerné par le sujet puisque son propre père était  professeur d'histoire dans le quartier du Queens, à New-York. Pas un quartier facile...

Le réalisateur est pessimiste, son constat sur le système éducatif, la violence scolaire et la démission des parents, est noir, mais sa mise en scène fait passer le message de manière originale et sensible, en insérant des images d'animation, de vrais témoignages de professeurs, des flash-back très flashy en super 8 et des instants poétiques. Avec, aussi, un aspect documentaire assumé et de très gros plans-séquences sur les visages des jeunes pour capter leur mal être. Au final, cet état des lieux désespéré et très stylisé est moins une énième dénonciation du système scolaire qu'un drame sur la solitude urbaine. Un drame très ... attachant. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ENTRE LES MURS DE LAURENT CANTET (Palme d'or à Cannes en 2008, ce film nous plonge dans une classe difficile d'un arrondissement de Paris et dans l'effort quotidien d'un professeur pour intéresser ses élèves. Vivant et tellement juste, surtout grâce aux jeunes interprètes plus vrais que nature !) ou encore ESCALIER INTERDIT DE ROBERT MULLIGAN (Encore une jeune professeur à New York mais dans les années 60 et... rien n'a changé ! Le travail au jour le jour d'une enseignante qui y croit dans un système scolaire américain déjà en péril. Fort, émouvant, un classique du genre.).

Moi aussi, j'ai envie de citer Camus. Franchement, un film qui démarre avec une citation de mon cher Albert, ça commence fort. Je peux aussi bien comprendre ceux qui ont adhéré à Detachment que les plus mitigés. Oui, il y a plein d'effets parfois un peu factices, on sort ...

Detachment est un film à la fois beau et sombre, qui livre une vision extrêmement pessimiste du monde, et plus particulièrement, du système scolaire américain. Tony Kaye ne ménage guère ses personnages et ses spectacteurs ; rien ni personne n'est épargné ; tout est violence ...

C’est marrant comme on ne se rend pas forcément compte, dans les premières dizaines de minutes d’un film, du potentiel de ce dernier et du bouleversement que ça sera quand le générique retentira. Detachment fait partie de ces films, il me rappelle d’ailleurs (étrangement) ...