DIAMANTINO

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Allez, je vous fais un pari : dans 1 heure et 32 minutes, après avoir vu « Diamantino », vous serez bien en peine de me dire quel genre de film vous avez regardé… Attention : ça ne veut pas dire que le long métrage de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt n’a ni queue ni tête mais c’est tout simplement parce qu’une multitude de genres y cohabitent et s’y percutent. Thriller, comédie, horreur, fantastique, conte social ou fable psychédélique : bien difficile de faire le tri dans ce spectacle loufoque qui visuellement alterne par exemple le Cinémascope et le 16 millimètres !

L’histoire est celle d’un prodige du football, Diamantino, qui soudainement en pleine Coupe du Monde va perdre sa légendaire virtuosité du ballon rond suite à d’étranges hallucinations… Certains vont imaginer de la cloner pour ressusciter l’idole déchue, victime de la moquerie voire de la haine de la Terre entière…

C’est le comédien portugais Carloto Cotta qui incarne ce héros naif et touchant dans un film baroque qui l’est tout autant…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DIDIER (Un même décor : le football... Un zeste de magie... Un prodige soudain privé de ses moyens...) ou encore GOAL (Les jeunes dieux des stades sont souvent soumis à bien des tentations qui, souvent, perturbent leurs exploits sur les terrains. Voici les cas de deux footballeurs...).

Impossible de ne pas penser à Cristiano Ronaldo quand on regarde Carloto Cotta chausser les crampons de Diamantino. Premier point commun entre le footballeur et l’acteur, leur nationalité portugaise. Ils partagent ensuite la même plastique avantageuse, sculptée pour le premier depuis son enfance pour atteindre l’Olympe sportive, bâtie pour le second à grand coup de coaches pour les besoins du film ! Gabriel Abrantes savait qu’il pouvait compter sur l’engagement total de son comédien dans cette discipline physique implacable : les deux hommes signent avec « Diamantino » leur 4e collaboration entre courts et longs métrages. Celui que vous venez de regarder a obtenu le Grand Prix de la semaine de la Critique au Festival de Cannes 2018 et dans sa construction, il emprunte quasiment la voie du fantastique ou de l’onirique.

Voie sur laquelle se sont également engagés les scénaristes du film « Jimmy Grimble », film britannique de 2001 réalisé par John Hay et dans lequel un ado footballeur, rêvant d’entrer dans un grand club, voyait son destin changer du tout au tout en recevant des chaussures magiques. Crampons prodigieux qui faisaient de lui un dieu des stades et lui ouvraient les portes de Manchester City, son club préféré…

Mais « Diamantino » le montre aussi, l’univers du ballon rond est semé de tacles parfois sévères, infligés sur le terrain mais aussi en coulisse par un entourage pas toujours très bienveillant. C’est ce que démontre magistralement la trilogie « Goal », initiée en 2005 par « Naissance d’un génie », poursuivie en 2007 par « La consécration » et conclue en 2009 par « Taking on the world ». On y suivait un prodige du foot, Santi Munez, gamin pauvre originaire du Mexique, repéré par les recruteurs de Newcastle et gravissant un à un les échelons de la gloire, découvrant aussi le revers de la médaille : les tentations de la drogue, du sexe et de l’argent… A l’échelle française, n’hésitez pas à revoir « Coup de tête » de Jean-Jacques Annaud avec Patrick Dewaere, qui surfe sur les mêmes ressorts mais dans un club amateur de province.

Si un jour des scientifiques, inconscients et fous, décidaient de fusionner ensemble Cristiano Ronaldo et Neymar da Silva Santos Júnior, le résultat ressemblerait certainement à Diamantino, joueur de foot vénéré tel un Dieu dont on scande le nom dans les stades, une âme ...

DIAMANTINO (14,4) (Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt, POR, 2018, 92min) : Voilà donc un film ovni complètement déjanté ! Cette expérience cinématographique livre une détonante farce sur la célébrité, un déroutant conte hybride à travers une icône du football, dont ...

Diamantino est la consécration, à l’inverse de ce penalty raté qui amorce le récit, des réflexions cinématographiques sur la nation portugaise. Les cinéastes portugais (Gabriel Abrantes) et américain (Daniel Schmidt) fusionnent trois trajectoires propres aux représentations ...