DRIVE MY CAR

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Alors qu’il n’arrive toujours pas à se remettre d’un drame personnel, l’acteur et metteur en scène de théâtre Yusuke Kafuku accepte de monter Oncle Vania dans un Festival à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme réservée qu’on lui a assignée comme chauffeure. Au fil des trajets, la sincérité croissante de leurs échanges les oblige à faire face à leur passé. Tel est le synopsis du film Drive my car, prix du scénario à Cannes en 2021, réalisé par le cinéaste Ryûsuke Hamagushi, d’après une nouvelle homonyme de Haruki Murakami qui ouvre le recueil Des hommes sans femmes. 

Selon le cinéaste japonais, trois raisons l’ont poussé à vouloir adapter Murakami : l’étrangeté qui se dégage des deux personnages principaux, la mise en avant du métier d’acteur, l’ambiguïté du personnage de Takatsuki cet acteur dont le héros du film est persuadé qu’il a couché avec sa femme. Trois éléments complexes qui portent la narration et font entendre des voix différentes voire divergentes, le film multipliant bien plus les questions que les réponses définitives, de l’aveu même de Hamagushi.

Adapté d’une nouvelle d’un recueil qui en compte sept, Drive my car prouve la grande proximité entre le cinéaste et  l’auteur japonais le plus lu au monde, Murakami, en dépit des libertés prises avec l’œuvre originelle. Le film de trois heures dialogue sans cesse avec la nouvelle de cinquante pages à travers des équivalences et des correspondances les plus fécondes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SERRE-MOI FORT (Le film réalisé par Mathieu Amalric met lui aussi en scène un personnage principal qui doit composer avec un seul récent et réapprendre à vivre sans l'être aimé.) ou encore ONCLE VANIA (Le film réalisé par Andrei Kontchalovski est une adaptation de la pièce de Tchekhov que le protagoniste de "Drive my car" met en scène dans un festival de théâtre à Hiroshima).

Comme on vient de le voir, un troisième personnage principal traverse l’intégralité du film, pièce maîtresse du dispositif visuel et narratif : c’est assurément la superbe Saab 900 de couleur rouge avec conduite à gauche et dans laquelle Kafuku et Misaki tissent progressivement leur relation au fil de leurs déplacements. Le film et l’histoire avancent au rythme de ce véhicule « vintage » qui est comme un cocon protecteur. 

« Faire un bout de chemin ensemble » tel semble être le mot d’ordre du film à travers cette voiture-symbole. C’est peut-être, semblent nous dire et Murakami et Hamagushi, le meilleur moyen également d’aller vers soi-même : là, dans cet habitacle protecteur, on peut être prêt pour accueillir les incertitudes de l’autre, celui qui conduit, comme celui qui est conduit. 

Avec Drive my car, Ryûsuke Hamagushi signait son quatorzième film, après une carrière commencée en 2008 avec Passion un film de fin d’études très remarqué notamment par le réalisateur Kioshi Kurosawa. Plusieurs films suivent jusqu’à Senses en 2015 distingué au Festival de Locarno par un Prix d’interprétation féminine collectif. Trois ans plus tard, Asako I & II est en compétition officielle au Festival de Cannes. Et c’est au cours de la même année 2021 que Contes du hasard et autres fantaisies remporte le Grand Prix du Jury-Ours d’argent au Festival de Berlin et le Prix du scénario au Festival de Cannes pour Drive my car.

Adapter Murakami est un sacré défi, tant l'aspect quasi-intangible de ses histoires semble défier la nature même du Cinéma. Néanmoins, depuis le formidable "Burning" de Lee Chang-Dong, il semble que la solution ait été trouvée : alimenter le vide "murakamien" - sans le ...

Après entre autres Senses et Asako I&II, Ryusuke Hamaguchi revenait à Cannes pour présenter en Compétition le déroutant Drive My Car. Un film fondamentalement intellectuel, qui parle du deuil à travers un personnage de metteur en scène de théâtre, mais qui puise son ...

Le prologue qui ouvre, au petit jour, Drive My Car pourra rassurer les plus réticents à embarquer dans ce film fleuve de trois heures : une femme y raconte une histoire, capture l’attention, ouvrant des fenêtres sur une fiction au sein de laquelle une lycéenne s’introduit ...