ELECTION 1

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Profitant de la place laissée libre par les grands réalisateurs hong kongais partis tenter leur chance à Hollywood au tournant des années 2000, Johnnie To s’est imposé comme un maître du polar et avec Election, il a réalisé son film le plus abouti et le plus complexe. Avec la précision d’un documentaire et la puissance d’un drame shakespearien, il raconte par le menu le processus qui permet à une organisation criminelle de se doter d’un nouveau chef tous les deux ans.

On y suit la campagne menée par deux candidats contrastés. Le premier paraît presque trop calme et modeste face à son adversaire ambitieux et narcissique. Prêt à toutes les bassesses pour accéder au pouvoir, le second est à l’origine d’une exaction en Chine continentale qui entraîne une série de rebondissements aussi dramatiques que révélateurs du fonctionnement du crime organisé.

Au milieu d’une pléiade d’intervenants mémorables, Simon Yam et Tony Leung Ka Fai incarnent les principaux  antagonistes de cette saga  épique dont Johnnie To réalisera un second volet dans la foulée.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SYNDICAT DU CRIME (Ce film de John Woo n'a pas seulement donné naissance à une nouveau genre de polar hongkongais, son influence s'est étendue à tout le cinéma de genre hollywoodien.) ou encore ELECTION 2 (Ce film a lieu deux ans après l'élection de Lok, qui doit donc être remplacé. Mais celui-ci veut faire une exception et se représenter, ce qui pose de nouveaux problèmes.).

Huit ans après la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, Johnnie To envisageait l’avenir de l’ancienne colonie britannique avec une certain optimisme puisqu’il semblait considérer comme acquis le principe qui garantit aux habitants le droit de voter sur des questions essentielles. Avec ce film, il a voulu montrer que le processus démocratique était à l’oeuvre dans tous les domaines de la société hong kongaise, y compris dans le crime organisé.  Il s’est attaché à donner des triades une image aussi fidèle et documentée que possible. Leur organisation avait connu des transformations multiples et radicales depuis leurs origines.

Née au 19ème siècle, la première triade avait été crée pour lutter dans la clandestinité contre la domination manchoue, mais elle a évolué au fil de l’histoire, devenant provisoirement une organisation anti-communiste avant d’exploser en multiples factions rivales, connues sous le terme pluriel des triades. La nécessité du secret explique leur fonctionnement opaque, basé sur une tradition complexe faite de rituels et de cérémonies que le film illustre autant que possible. Il montre aussi comment la police s’intéresse de près à leurs actions et n’hésite pas à les exhorter au calme et à faire le ménage dans leurs propres rangs sous peine de subir des interventions extérieures. Avec Election 1, Johnnie To dénonçait aussi comment l’ambition et la cupidité détruisaient les valeurs humaines fondamentales, traditionnellement observées dans les triades.

Le cinéaste a fait jouer au scénariste, réalisateur et producteur  Wong Tin Lam le rôle du patriarche l’oncle Teng.  Johnnie To considère Wong Ting Lam comme un mentor. Il a appris auprès de lui à tenir un plateau, à gérer les crises et les retards, à être souple afin de tourner les plans prévus, tout en se ménageant des choix multiples d’angles de caméras. La règle d’or étant de s’adapter. Election 1 marquait la première entrée d’un film de Johnnie To en compétition officielle à Cannes en 2005. L’année d’avant, il avait présenté Breaking news hors-compétition.

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