ESPRIT DE FAMILLE

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S’il ne vous restait plus que quelques jours à vivre, qu’en feriez-vous ? Voilà le point de départ du film de Jonathan Sobol.
Jacob, Cal et Nuts sont trois frères qui apprennent en découvrant le testament de leur paternel récemment décédé qu’ils vont bientôt mourir eux aussi ! Un père indigne, coureur de jupons, dont les cinq enfants sont nés de trois femmes différentes et qui, dans sa jeunesse, (pour financer sa passion du jeu), n’a pas hésité à livrer sa descendance à des expériences pharmaceutiques douteuses, d’où cette mort imminente qui s’annonce pour 3 de ses rejetons !

Alors que faire de ce court temps de vie qui reste ? Jacob l’intello, Cal le dragueur et Nuts le bagarreur vont le mettre à profit pour accomplir les choses qui leur semblent essentielles, avant de tirer leur révérence...

Esprit de famille est une comédie et une fable cruelle sur la paternité, l’héritage et la volonté de vivre...Vous y reconnaîtrez notamment Harvey Keitel, dans la peau d’un de ces personnages antipathiques et rusés dont il a le secret...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BROKEN FLOWERS (Revisiter les grandes étapes de sa vie tant qu'il est encore temps...Chez Jim Jarmusch, Bill Murray rend visite aux femmes qui ont traversé son existence. Chez Jonathan Sobol, trois frères partent à la découvert de la leur après le décès de leur père. Deux grands voyages initiatiques) ou encore JOYEUSES FUNERAILLES (Les enterrements sont toujours des moments où des choses inattendues se produisent. Ici, trois frères apprennent que leur père les a condamnés à mort par négligence...Dans "Joyeuses funérailles", deux frangins apprennent que leur paternel entretenait une liaison avec un nain maître chanteur... Ambiance tout sauf morbide !).

Le film que vous venez de découvrir n’est que la deuxième réalisation du canadien Jonathan Sobol mais ce jeune homme au style prometteur, en cinéphile accompli, est allé à bonne école ! Il a pioché dans l’inspiration de deux de ses maîtres à réaliser pour mettre en scène Esprit de famille : Quentin Tarantino et Guy Ritchie. La filiation est évidente ! Montage syncopé, ralentis, musique « old school » : on reconnaît sans peine la patte de ces glorieux aînés et le clin d’œil appuyé à certains de leurs films fondateurs comme Snatch, Reservoir dogs ou Pulp fiction...

Tiens, d’ailleurs, autre passerelle volontairement empruntée par Sobol : la présence au générique de Harvey Keitel. Une vraie gueule de cinéma, une voix, une présence... Ce pur produit new-yorkais, révélé par Martin Scorsese dans les années 70 avec Taxi driver ou Mean streets est devenu l’archétype du "bad guy" pour Abel Ferrara dans Bad lieutenant ou Jane Campion dans La leçon de piano. Keitel, c’est une tronche que le public identifie immédiatement, prend plaisir à retrouver et l’assurance d’une performance qui, si elle a parfois été galvaudée, reste toujours réjouissante. Bon, d’accord, la filmographie du Monsieur aurait sans doute pu faire l’impasse sur Sister act, Get shorty, Dragon rouge ou Benjamin gates mais, comme tant d’autres à Hollywood, ces petites facilités permettent d’améliorer l’ordinaire et de jouer pour pas grand-chose dans des projets plus ambitieux. Je ne citerai personne mais Robert de Niro, Al Pacino et Jach Nicholson se reconnaîtrons sans doute !

Pour revenir à Esprit de famille, le visage du personnage de Cal, le tombeur de ces dames en quête de mariage, vous aura peut-être rappelé quelqu’un... Il est interprété par Scott Caan, le fils du grand James Caan, héros de tant de films de Coppola, (Le parrain), Spielberg, (1941), Lelouch, (Les uns et les autres) et plus récemment James Gray, (The yards).