FANFAN LA TULIPE

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Ah les « vieux » films qui n'ont pas pris une ride ! Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque est vraiment de ceux-là ! Ce film est une petite merveille de rythme et de malice ! Peut-être le plus joli film de cape et d'épée français avec un Gérard Philipe dans son rôle le plus célèbre qui charme, bondit, croise le fer -l'acteur dut d'ailleurs apprendre, non sans mal, l'escrime et l'équitation. Christian-Jaque, réalisateur exemplaire de la « qualité France », à la filmographie de plus de 70 films dont Les Disparus de St Agil en 1938, L'Assassinat du Père Noël en 1941 et le délicieux Babette s'en va en guerre avec Brigitte Bardot en 1959, était un grand amateur de films historiques, et cela se sent à chaque plan de ces aventures galantes et picaresques sous Louis XV où il idéalise le XVIIIe siècle avec entrain.

Fanfan la Tulipe est un véritable ballet où l'on ferraille, on courtise, avec la si sensuelle Gina Lollobrigida, au sommet de sa beauté, dans le rôle de la courtisée, et où l'on enrage et tape du pied comme le fait si bien Fier-à-bras, le personnage de méchant rouspéteur, scrogneugneu, incarné par un génial Noël Roquevert. Mais ce conte caracolant est aussi, en douce, un vrai film anar ! Car c'est le très anti-militariste et talentueux Henri Jeanson qui est aux dialogues. Allez quelques exemples pour le plaisir : « La guerre, le seul divertissement des rois où les peuples aient leur part ». « La mort, je l'ai vue de près... Eh bien, elle ne gagne pas à être connue ! » Et aussi cette réplique qui pourrait sortir de la plume d'un Sacha Guitry : « Quand une femme dit la vérité, c'est pour déguiser un mensonge ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CARTOUCHE DE PHILIPPE DE BROCA ou encore BEAUMARCHAIS L'INSOLENT D'EDOUARD MOLINARO .

« Le coeur sur la main quand il faut, et la main sur la figure quand c'est nécessaire ! » Un dialogue d'Audiard ? Que Nenni ! De Henri Jeanson, que l'on peut considérer comme le père très spirituel d'Audiard et qui fut le premier à inventer des dialogues de cinéma en forme d'aphorismes que l'on aime citer lors de repas entre amis. Et c'est à lui que l'on doit la plus célèbre réplique du cinéma français : « Atmosphère, atmosphère, est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? » que prononce Arletty dans Hôtel du Nord. Une réplique écrite exprès pour se moquer du producteur qui avait râlé contre l'atmosphère du film de Carné !

Acteur le temps d'un seul film, Le coupable en 1917, Henri Jeanson était devenu dialoguiste en 1932 dans la filiale française de la Paramount. Il signa entre autres le scénario de La dame de chez Maxim's d'Alexandre Korda d'après Feydeau, puis dialogua La Nuit fantastque de Marcel L'Herbier en 1942, Boule de suif en 1945, Un revenant de Christian-Jaque en 1946 avec un magnifique Louis Jouvet, son ami et acteur fétiche, sans oublier La vache et le prisonnier d'Henri Verneuil en 1959. Dans ses dialogues, Jeanson savait être sentimental, percutant ou carrément féroce quand son anarchisme prenait le dessus. On aime particulièrement cette phrase de lui : « La liberté est un mot qui a fait le tour du monde et n'en est jamais revenu » !

Surtout, il écrivait toujours en pensant aux interprètes qui allait avoir ses mots en bouche et en faire des perles comme Gabin dans Pépé le Moko, Gérard Philipe dans Fanfan la Tulipe ou Jouvet, toujours lui, qu'il choisit d'ailleurs comme acteur principal du seul film qu'il réalisa, Lady Paname en 1949.


Ce fut aussi Jeanson qui stigmatisa le mieux la critique en une seule réplique d'Entrée des artistes de Marc Allégret : « Tu ferais un excellent critique. Tu parles fort bien de ce que tu connais mal » ! 

Ce film au gros succès populaire en son temps, permet de se rappeler d'un certain type de cinéma français qui à cette époque ne s'intéressait guère au film d'aventure léger et plein de verve, c'était plutôt une spécialité à Hollywood où Douglas Fairbanks, ...

Un texte de The Watcher sur le film Tenet me rappelle combien j'avais aimé revoir plus tard ce film de Christian-Jacque car j'en avais oublié la scène de bataille similaire de la scène de bataille finale dans Tenet (je ne dis pas identique ou égale, mais similaire...m'ayant ...

Les films de cape et d’épée ont toujours eu une place de choix dans ma cinéphilie, depuis tout jeune. Enfant, je passais bon nombre de week end en compagnie de mon grand-père à voir et à revoir Cyrano de Bergerac, Le Bossu, Le masque de fer, Le masque de Zorro, et tant ...