FELICITÀ

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Normalement, rien qu’à l’évocation du titre, votre cerveau par immédiatement en pleine pop italienne des années 1980, les cheveux dans le vent dans une décapotable sur le rythme bondissant de la chanson d’Al Bano et Romina Power. Et vous auriez raison car c’est exactement l’esprit de ce deuxième long métrage de Bruno Merle.

Dans Felicità, Tim et Chloé sont des parents un peu fantasques, épris de liberté et pour qui la normalité est malhonnête. Mais demain l'été s'achève. Leur fille, Tommy, rentre au collège et cette année, c'est promis, elle ne manquera pas ce grand rendez-vous. Mais ça c'était avant que Chloé disparaisse, que Tim vole une voiture et qu'un cosmonaute débarque dans l’histoire.

Felicità met en scène le toujours juste et charmant Pio Marmaï ainsi que Camille Rutherford. A leur côté, Rita Merle, fille du réalisateur, qui fait ici ses premiers pas, assurés, sur grand écran. Le tout dans un road-movie libre et joyeux pour redonner au terme « famille » un sens différent de socle ou de piège à fuir.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA FAMILLE ADDAMS DE BARRY SONNENFELD (En voilà une autre, qui tout à fait différemment, considère que la normalité n'est pas très rassurante) ou encore LITTLE MISS SUNSHINE DE JONATHAN DAYTON ET VALERIE FARIS (Une famille un peu déjantée, un van et un road trip : tous les ingrédients sont là!).

On ne peut pas vraiment lutter contre le destin. Et c’est le cas pour le réalisateur de Felicità. Bruno Merle était prédestiné à faire du cinéma. Il a grandi à Lyon… rue du Premier Film, à quelques pas de l’invention même du cinéma. Quand il était petit, un court métrage s’est tourné dans son école, elle aussi rue de Premier Film, et il a été choisi pour jouer dedans. C’était tout ce qu’il fallait pour que lui soit inoculé le virus du 7e art. Cette passion, il va la développer et la faire grandir notamment grâce à l’Institut Lumière qui se situe également dans la même rue. Un endroit de rêve qui est devenu comme une seconde maison pour lui. Et après plusieurs courts métrages, Bruno Merle se fait repérer grâce à son premier long : Héros.

Le film, sorti en 2007, met en scène Michaël Youn et Patrick Chesnais. Un premier essai très apprécié de la presse, le film a fait l’ouverture de la Semaine de la critique, mais passé un peu inaperçu auprès du grand public. Il lui aura fallu 13 ans, et la possibilité de coécrire le film de Michel Hazanavicius, Le Prince Oublié, pour parvenir à sortir un nouveau long métrage avec Felicità. Et le sujet n’est pas un hasard par rapport au Prince Oublié puisqu’avec Felicità, il prolonge le rapport père-fille qu’il évoquait déjà. Un rapport inspiré du sien avec sa propre fille Rita qu’il fait d’ailleurs jouer dans le film. Favoritisme ? Pas vraiment, plutôt une histoire de confiance absolue et surtout le réalisateur savait que le tournage serait dur, et savait qu’avec sa propre fille, il pouvait pousser un peu plus loin sans culpabiliser.

Le rapport père-fille est important mais cela reste une petite part du film qui avant tout évoque la marge. Mais sans jamais aller dans le glauque, le désespéré ou le triste. Chez Bruno Merle, la marge est joyeuse, dangereuse parfois, mais extrêmement libre. Cela se voit dans le titre qui cite ouvertement la chanson d’Al Bano et Romina Power utilisée à un moment central du film pour évoquer cette légèreté. Un sentiment renforcé par son casting adulte joué par les acteurs Pio Marmaï et Camille Rutherford, incarnant parfaitement cette façon de circuler entre les cases que souhaite nous imposer la société.

Felicità est à l'image de sa scène d'ouverture : mordant, incisif et drôle. Bien que la chute de ce premier canular, en famille à la table d'un fast-food, nous soit gâchée par la bande-annonce, c'est en même temps cette même vanne dite d'un ton impassible par Tim, aka ...

L’enfance pourrait se résumer, dans bien des cas, comme la confrontation sur la durée au mensonge : celui des parents, qui arrangent la réalité pour rassurer, celui que le jeune être se fait à lui-même lorsqu’il pense comprendre le monde, qu’il l’imagine ou qu’il ...

Et si... Et si Bonnie and Clyde avaient eu une fille... Alors ils ne seraient pas morts... Ils n’auraient pas pu, pour elle... Ils auraient vécu plus sagement, de petits larcins, petits squats, petits métiers, et auraient embarqué l’enfant dans leur dérive... Et l’enfant, ...