FORREST GUMP

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Sorti en 1994 aux Etats-Unis, Forrest Gump, produit par la Paramount, est une œuvre importante des grands studios de cette décennie, couverte de plusieurs récompenses aux Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur acteur. Elle est l’adaptation d’un roman de Winston Groom, publié en 1986. L’action débute en Alabama et raconte toutes les étapes de la vie de Forrest Gump, un enfant qui peut être qualifié de simple d’esprit et dont le destin traverse toute l’histoire américaine du milieu des années 1950 aux années 1980, parfois au cours d’événements historiques marquants dans lesquels il est involontairement un des acteurs.

Construit en flashbacks narrés par Gump lui-même, le film débute par l’enfance du personnage qui, malgré un handicap à sa colonne vertébrale, se découvre des dons pour la course. Le voici témoin de la ségrégation des Noirs dans les années 1960, meilleur joueur de football américain, croisant le chemin de John Kennedy. Il s’engage dans l’armée, est envoyé au Vietnam, sauve héroïquement ses soldat de sa patrouille tombée dans une embuscade, est médaillé par le président Johnson. Il découvre l’opposition à la guerre et le mouvement hippie, dévoile fortuitement le scandale du Wartergate. Il serait fastidieux de tout énumérer : à travers son parcours, se déploie l’Amérique, complexe, violente, contradictoire et parfois exaltante.

Il y a aussi l’histoire d’amour de Gump avec une petite fille, Jenny dont la trajectoire est plus chaotique, dans les errements de la génération du flower power à la cocaïne des années disco. Le personnage bouleverse par sa fragilité et le traitement scénaristique qui effleure avec beaucoup de subtilité son drame personnel. L’interprétation est magnifique, dominée par Tom Hanks dans ce rôle particulier de simple d’esprit, lunaire, naïf et à la fois lucide sur bien des aspects de la vie, émouvant par sa fidélité et hilarant par ses gaffes, constamment entre le drame et la comédie. Excellent choix de réalisateur aussi. Il avait été question de Terry Gilliam et Barry Sonnenfeld, mais Robert Zemeckis s’avère à la mesure des enjeux créatifs du projet.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LITTLE BIG MAN (D'Arthur Penn, 1970. Autre récit épique, construit en flashbacks, mêlant le destin d'un personnage à celui de l'histoire des Etats-Unis.) ou encore APOCALYPSE NOW (De Francis Ford Coppola, 1978. Inspiré aussi du bourbier de la guerre du Vietnam).

Protégé de Steven Spielberg, Robert Zemeckis s’est fait remarquer par la saga de science-fiction Retour vers le futur. Mais le fabuleux Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, série noire mêlant acteurs et personnages de dessin animé, et La Mort vous va si bien, comédie fantastique grinçante utilisant des effets numériques, démontrent le vif intérêt du cinéaste pour les les expérimentations visuelles. Forrest Gump en est truffé, intégrant Tom Hanks dans des images d’archives historiques avec les présidents américains, recourant à la technique du morphing pour modifier ces images et faire jouer Kennedy, Johnson ou Nixon avec de nouveaux dialogues.

Autre réussite technique : la disparition des avant-jambes du comédien Gary Sinise, interprétant le lieutenant amputé après avoir été sauvé par Forrest Gump. L’effet est tellement convaincant que l’on crut parfois qu’il avait été doublé par un véritable estropié. Pour ces prouesses, le film remporte aussi un Oscar, consacrant le travail de Ken Ralston et George Murphy, superviseurs des effets visuels et numériques. Le génie de Zemeckis, comme dans Roger Rabbit et d’autres titres de sa filmographie est de ne jamais laisser la technique prendre le dessus sur le récit et les personnages.

Saluons aussi l’interprétation de Sally Field, mère protectrice et aimante de Forrest Gump. Venue de la télévision, elle avait été révélée par Martin Ritt dans le rôle de l’ouvrière syndicaliste Norma Rae en 1979. Dans le rôle de Bubba, le soldat du Vietnam ami de Gump et se rêvant à la tête d’un grand crevettier, Mykelti Williamson trouve une consécration après quinze ans de carrière.

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