HORSEHEAD

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Depuis son enfance, Jessica est hantée par des cauchemars récurrents dans lesquels elle est poursuivie par une étrange créature à la tête de cheval nommée "Horsehead". Dans l’espoir de retrouver la paix, elle entame des études de psychophysiologie des rêves. Ainsi débute l’histoire du film Horsehead, écrit et réalisé en 2015 par Romain Basset. Film de genre et assumé comme tel, Horsehead plonge son spectateur dans un monde onirique tout entier fondé sur l’interprétation des rêves, pratique qui peut s’avérer dangereuse dès lors qu’elle conduit à réveiller les fantômes d’un passé douloureux…

On sait que le genre fantastique n’est guère prisé en général par les financeurs du cinéma français et les univers, hier, d’un Georges Franju et, aujourd’hui, d’un Pascal Laugier restent comme des exceptions qui confirment la règle. Pour réaliser son premier film, Romain Basset a donc du batailler pendant près de sept ans i De façon symbolique, on trouve parmi ses producteurs, la société "Starfix", résurgence d’une revue défunte entrée dans les annales de la culture fantastique et dont Horsehead constitue les premiers pas dans la production cinématographique.

L’idée du scénario co-écrit par Romain Basset avec Karim Chériguène semble avoir une double origine, si l’on en croit ses auteurs. D’une part de graves troubles du sommeil mâtinés de paralysie éprouvés par le cinéaste lui-même. Et d’autre part, la référence au tableau du peintre britannique d’origine suisse Johann Heinrich Füssli connu en France sous le titre Le Cauchemar mais lui-même construit sur un double sens, sur un jeu de mots qui n’apparaît que dans son titre anglais : The Nightmare, c’est bien le « cauchemar » en effet, mais c’est également la « jument de la nuit » Il est temps de rejoindre ce pays des ambivalences pour le moins inquiétantes…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES GRIFFES DE LA NUIT (Comme Horsehead, Freddy Krueger hante les rêves de ses victimes et transforme leur vie en cauchemar.) ou encore MARTYRS (Parce que la production française est avare de films d'horreurs. Ce film de Pascal Laugier, sur le thème de la souffrance, fit d'ailleurs scandale.).

Le parcours du réalisateur Romain Basset mérite qu’on s’y attarde. Né en 1983, il  a mené en parallèle des études supérieures scientifiques et notamment dans le domaine de l’exobiologie et la réalisation de plusieurs courts métrages de fiction et vidéos expérimentales particulièrement bien reçus dans les festivals internationaux. Cette double expérience lui a permis de construire un univers visuel très singulier et stimulant, relayé ici par l’image très travaillée de son directeur de la photographie Vincent Vieillard-Baron.

Il faut noter en outre le soin particulier et révélateur apporté par le jeune cinéaste au casting international de son premier film. Pour incarner son héroïne principale, il a choisi l’actrice et chanteuse française Lilly-Fleur Pointeaux qu’on a pu voir notamment dans l’étrange série d’Eric Judor, Platane. Dans le rôle de Catalyn, les amateurs du genre auront assurément reconnu Catriona MacColl l’égérie de Lucio Fulci le maître du cinéma d’horreur italien et que l’on peut voir dans des films considérés comme des références tels La Maison près du cimetière, L’Au-delà ou bien encore Frayeurs.

Plus surprenante peut-être est la présence au générique du chanteur et acteur britannique Murray Head dont on se souvient notamment du rôle dans Bloody Sunday de John Schlesinger ou bien de son investissement dans les comédies musicales Hair et Jésus Christ Superstar. Enfin, l’autre acteur français de ce casting pour le moins éclectique, c’est le toujours inquiétant Vernon Dobtcheff, né à Nîmes en 1934, qui dans le role de George fait merveilles. L’occasion de rappeler que ce parfait second rôle du cinéma hexagonal a également tourné sous la direction de Steven Spielberg et James Ivory, entre autres.

Le Cinéma de genre en France (en particulier le cinéma fantastique et d'horreur) a toujours été handicapé par un système de production qui privilégie avant tout l'industrie à l'art, le divertissement : Entre les chaînes TV produisant des comédies dans l'unique but qu'elles ...

Horsehead est un film qui hante. La façon dont il continue à vivre dans l'esprit du spectateur après la projection est symptomatique de l'ambition de ce cinéma fantastique-là, tirant vers le haut le spectateur qui veut bien se prêter au jeu. Ce film interroge sur la signification ...

Inspiration Giallo, certainement, mais qui s'en détache (plus que les réalisateurs d'Amer par exemple). Un esthétisme ultra pensé et travaillé, des ambiances oniriques morbides, sanglantes, malsaines. Un scénario touffu mais qui ne perd pas le spectateur dans des méandres ...