IN ANOTHER COUNTRY

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Nous sommes à Mohang-ni, une station balnéaire sud-coréenne. Une Européenne en goguette s’arrête, à trois reprises, au même carrefour. A chaque passage, elle hésite : faut-il suivre la direction qu’indique une flèche sur le sol ? A résumer ainsi l’argument de In Another Country, le treizième film du cinéaste coréen Hong Sang-soo, on mesure l’étrange décalage revendiqué d’une histoire qui pourrait être triple, à moins qu’il ne s’agisse de trois variations sur le même thème. L’ironie est donc immédiatement présente dès les premières images d’un film très coréen qui met en avant une actrice très française, Isabelle Huppert. Une rencontre artistique plus ou moins improbable et qui renvoie au propos même d’un film par un effet de miroir évidemment voulu par Hong Sang-soo que le choc des cultures inspire manifestement.

Cette héroïne française s’avère tour à tour, documentariste invitée par un confrère et sa compagne aussi jalouse qu’enceinte, puis femme adultère d’un cadre autochtone décidée à retrouver son amant au bord de l’eau et enfin, épouse délaissée d’un riche Coréen venue sur le littoral chercher l’oubli avec une amie. Toujours prénommée Anne, ce personnage féminin évolue dans la station balnéaire captée à la morte-saison, entre brume vaporeuse et désœuvrement ambiant. "C'est déprimant, il n’y a rien à faire ici" va-t-elle jusqu’à dire à son amant. Mais les apparences comme les propos sont trompeurs. Promenades, rencontres, dialogues, sans oublier la recherche permanente d’un phare voisin, l’héroïne n’en finit pas d’arpenter la plage ayant toujours quelque chose à faire...

A Cannes, l’actrice définissait  ainsi sa relation avec le film de Hong Sang-soo : "Lorsque je tourne, comme en Corée, dans un lieu où je suis moins connue, quelque chose se libère dans le jeu. Par le simple fait que HongSang-soo me regarde comme quelqu’un de léger, sans la moindre gravité. Il n’a pas tendance à refilmer l’image qu’on a de moi ici." Et l’actrice d’aller plus loin encore dans l’analyse en caractérisant ainsi le film : « Je me rendais bien compte que le film s’aventurait sur le terrain de la facétie dans un esprit bunuélien. » Esprits cartésiens s’abstenir donc avant de s’embarquer pour la plage de Mohang-ni !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CARNET DE BAL (Julien Duvivier s'amuse, comme Hong Sang-soo des capacités du cinéma à enchaîner les histoires et les situations à partir d'une même situation de départ.) ou encore HA HA HA (Cet autre film, réalisé en 2011 par Hong Sang-soo,fait la part belle aux hasard des rencontres improbables.).

"Je ne demande jamais d’explication" ainsi s’exprimait Isabelle Huppert au moment de la présentation cannoise de In Another Country. Et d’expliquer un peu plus encore cette affirmation : "Toute question est par définition indiscrète. Je m’amuse à trouver les réponses d’un cinéaste sans les lui demander. Un film, c’est comme un jeu de piste. Ou une psychanalyse. Une énigme." Tel est bien en effet le film d’Hong Sang-soo qui ne se laisse pas prendre dans les filets du décryptage rationnel. Une station balnéaire, une plage, un phare, une femme en villégiature, un maître nageur attentionné, … Tout est banal ici et pourtant rien n’est vraiment simple : on est à la fois en terrain connu et en terre étrangère !

Depuis 1996 et son premier film Le Jour où le Cochon est tombé dans le puits, Hong Sang-soo n’en finit pas de dérouter et de surprendre. Spécialiste des histoires d’amour pas toujours heureuses, le cinéaste coréen aime également que certains de ses personnages soient issus du milieu du cinéma, comme c’est ici le cas avec l’une de ses trois héroïnes toutes campées par Isabelle Huppert. Virtuose également des temporalités mélangées, il ne déroge pas à la règle ici et bien malin qui pourrait établir une véritable chronologie du triptyque qui nous est proposé. Enfin, en digne héritier de Rohmer notamment, ses personnages s’enivrent de paroles, quand ce n’est pas tout simplement d’alcool.

Et par ailleurs, In Another Country ne fait pas exception à la règle de la méthode de travail qu’affectionne Hong Sang-soo. A la manière de Godard, le cinéaste coréen entame le tournage sans l’aide d’un scénario définitif. Chaque matin, il distribue à son équipe, acteurs compris, des notes qui serviront de guide pour les scènes du jour. Le tout avec une équipe de techniciens réduite à son minimum. La légèreté, au moins apparente, semble ainsi être le mot d’ordre d’un cinéaste décidément pas comme les autres.

Le cinéma du sud-coréen Hong Sang-soo est de plus en plus facilement identifiable : même type de personnages dont l’activité est en rapport avec justement le cinéma, ne crachant pas sur l’alcool (le fameux soju, le spiritueux national) et se débattant enfin dans les affres ...

Il m'est difficile de voir les films de Hong Sang-soo au cinéma, et le fait de savoir que je ne peux pas les voir, me donne triplement plus envie de les voir. Alors, c'est forcement tout fou fou que j'aborde ce film quand je glisse le dvd dans mon lecteur free. Qui soit dit en ...

Le film est dans la continuité de son œuvre. Plus qu'un n'importe quel autre cinéaste : Ozu, Rozier, Rohmer,.. qui on veut, c'est vraiment avec HSS que la définition de toujours refaire le même film est la plus prouvée. Il décline ses thématiques de films en films, mais ...