INSENSIBLES

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Espagne, années 30. Dans un petit village de Catalogne, une douzaine d'enfants sont victimes d'un étrange syndrome : ces gamins sont insensibles à la douleur et, non seulement ça leur est dommageable mais ils peuvent involontairement mettre en danger la vie d'autrui. Il est décidé de les interner dans un fort perdu dans les montagnes des Pyrénées  où des spécialistes vont tenter de les soigner et de les rééduquer. Peu de temps après, la guerre civile espagnole embrase le pays et les forces républicaines s'opposent farouchement aux  nationalistes du général Franco.

Espagne 2012, après un accident de voiture dans lequel il perd sa femme, le docteur Martel, brillant neurochirurgien,  subit des examens et apprend qu'il est atteint d'un cancer qui nécessite une greffe de moelle osseuse. Seul un membre de sa famille peut être compatible pour cette greffe de la dernière chance. C'est là qu'il découvre que les parents qui l'ont élevé ne sont pas ses vrais parents biologiques. C'est en essayant de retrouver ses vrais géniteurs que le docteur Martel va découvrir l'invraisemblable vérité sur le sort qui a été réservé aux petits enfants insensibles. Naviguant entre l'horreur, le fantastique et le récit historique, ce premier film du scénariste et réalisateur Juan Carlos Medina se révèle d'une efficacité diabolique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE VILLAGE DES DAMNÉS - WOLF RILLA (1960) (Des enfants qui naissent tous à la même époque dans un petit village anglais sont tous doués de pouvoirs étranges et commencent à semer la terreur dans leur entourage.) ou encore LE LABYRINTHE DE PAN - GUILLERMO DEL TORO (2006) (Récit métaphorique où une petite fille découvre un monde souterrain féerique pendant que son cruel beau-père, le capitaine Vidal, traque la guérilla antifranquiste dans l'Espagne de 1944 juste après la guerre civile).

Un des thèmes majeurs abordé de manière métaphorique par Juan Carlos Medina dans Insensibles est justement l'insensibilité autant physique, chez Berkano qu'émotionnelle chez le Docteur Martel. Autre thème flagrant, c'est qu'il n'y a pas d'avenir possible si on ignore le passé. Et le jeune cinéma espagnol aime à se pencher sur son passé. Les films de Guillermo del Toro comme L'échine du diable ou Le labyrinthe de Pan en sont de récents exemples.

Mais là où Insensibles parvient à se démarquer c'est qu'il aborde le passé historique de son pays avec un regard plus sombre où la dimension fantastique est moins présente que chez Del Toro. Les horreurs de cette guerre civile dont on ne connaîtra sans doute jamais le vrai bilan en vies humaines sont évoquées frontalement et crûment à travers le personnage de Berkano qui devient l'instrument de ses tortionnaires et qui, ignorant la douleur lui-même, est capable de faire souffrir mieux que quiconque les prisonniers qu'on lui donne à torturer pour les faire parler.

C'est en découvrant des témoignages sur le syndrome de Nishida, authentique pathologie qui rend les malades parfaitement insensibles à la douleur, que Juan Carlos Medina a eu le déclic pour raconter l'histoire qu'il souhaitait mettre en scène. Le sujet l'a travaillé pendant près de huit ans et un nombre incalculable de différentes versions. C'est en travaillant avec son ami Luiso Berdejo, scénariste de [Rec], qu'il a écrit l'ultime version du script.

D’origine franco-espagnole, Juan Carlos Medina passe une partie de sa jeunesse en Espagne avant d’arriver à Nantes où il suit pendant deux ans une classe préparatoire afin de passer le concours de la Fémis. Il commence à écrire des scénarios tout en intégrant un cursus de cinéma à la Sorbonne. En 2000, il achète une caméra 16 mm et dix bobines, puis part dans le désert espagnol près de Saragosse avec deux copains pour tourner son premier court métrage, Trinidad, sorte d’hommage expérimental aux films de Carl Dreyer et Luis Buñuel. Il signe ensuite deux autres courts métrages plus narratifs et avec un peu plus de moyens : Rage en 2001 et Mauvais jour en 2003 tourné à la Défense et interprété par Aurélien Recoing.Il s’attelle dans la foulée au script d’Insensibles dont le résultat, pour un premier film, force l'admiration.

Insensible est justement un film d'une grande sensibilité. Peignant le portrait d'étranges enfants dénué de tout sens de la douleur dans les années 30, et d'un autre côté en parallèle le portrait d'un médecin semblant riche, pour qui un accident de voiture va bouleversée ...

Un premier long métrage d'un réalisateur qui promet tant son film marque les esprits. Avec un tel speech on peut s'attendre à un film fantastique ou, du moins, ancré dans un film qui s'en impreigne. mais le scénario est plus malin que ça et nous offre un récit construit ...

Depuis quelques temps, je m'intéresse au cinéma espagnol car je lui trouve pas mal de qualités; notamment des histoires originales et des réalisateurs qui prennent le temps de soigner les cadrages ainsi que la photo. C'est une nouvelle fois le cas, ici, avec "Insensibles". ...