INSOMNIA

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Curieux phénomène naturel que le soleil de minuit ! Car, dans certaines régions proches des pôles, c’est des semaines durant que le soleil ne se couche pas. Dans le cas de Tromsø, ville natale de Erik Skjoldbjaerg située au Nord du cercle arctique, le soleil ne se couche pas entre la mi-mai et la fin juillet !

Si Julio Medem, pour ses Amants du cercle polaire, avait utilisé cette singularité pour mieux transcender l’éternité romantique de ses héros, Skjoldbjaerg, qui connaît trop bien l’âpreté de la vie dans le cercle polaire pour en avoir une vision poétique, utilise magnifiquement ses couleurs, ses dérèglements, pour créer une atmosphère étrange et inquiétante.
Insomnia à peine sorti (après sa présentation à Cannes, à la Semaine de la Critique), Skjoldbjaerg était sollicité par Hollywood. Il tournait alors pour Miramax Prozac Nation avec Christina Ricci, Jason Biggs, Jessica Lange et Anne Heche.

Mais malgré une première à Toronto et une sortie commerciale en Norvège, le film ne bénéficiait pas même d’une sortie salles aux états-Unis. Le cinéaste est, depuis, retourné en Norvège où il y a signé deux nouveaux films noirs.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver USUAL SUSPECTS (BRYAN SINGER, 1995) ou encore INSOMNIA (CHRISTOPHER NOLAN, 2002) .

Paradoxalement, cet Insomnia est avant tout un objet de curiosité du fait de « l’autre » Insomnia, le film homonyme et fidèle copie qu’il a inspiré à peine 4 ans plus tard.

Les qualités de cet original sont indéniables et vous avez pu en juger sur pièces, mais la personnalité du cinéaste qui allait en signer le remake devait, en partie, en effacer la singularité et la force. C’est en effet Christopher Nolan qui, après ces deux premiers films très personnels et particulièrement impressionnants (Following - Le Suiveur et surtout Memento), et bien avant ses Batman ou Inception, s’attelait à cette adaptation en plein Alaska du polar norvégien.
On peut, du reste, a posteriori, y voir là son film le moins personnel et le moins habité. Mais rares sont les remakes tels Le Faucon maltais ou Les Infiltrés où l’on peut penser que la copie dépasse l’original... La postérité retiendra donc davantage l’oeuvre réalisée par Christopher Nolan que celle d’un Norvégien méconnu. Et cependant le charme nordique est autrement plus envoûtant et troublant que l’efficacité hollywoodienne...

Et même côté casting, les Al Pacino, Martin Donovan, Robin Williams (alors au sommet de sa gloire et abordant sa phase « contre-emploi ») et Hilary Swank (dans un de ses premiers rôles après son tonitruant début de carrière dans Boys Don’t Cry, lui valant l’Oscar) ont du mal à rivaliser avec les acteurs scandinaves, beaucoup plus inquiétants. Les compères du Suédois Stellan Skarsgård (l’inoubliable Jan de Breaking the Waves), sont tous impeccables. Ils ont notamment été régulièrement vus depuis dans les comédies douces-amères de Bent Hamer, notamment.