L'ARMOIRE VOLANTE

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L’armoire volante sort le 29 octobre 1948 à Paris. Il s’agit d’une nouvelle variation sur le thème du cadavre qui se déplace, à ceci près que le film s’inspire cette fois d’une histoire authentique. Son réalisateur scénariste Carlo-Rim, un Nîmois, l’a lue dans un journal quelques années plus tôt. Pendant l’Exode de 1940, une vieille dame meurt dans la voiture de son petit fils. Pris de court, celui-ci enfouit le corps dans un tapis, place le tapis dans le porte bagage et reprend sa route. Epuisé il s’arrête le soir dans une auberge pour y passer la nuit. Et quand il se réveille le lendemain matin, la voiture a disparu…

Quand il écrit le scénario de L’armoire volante en 1947, Carlo Rim a 43 ans, et derrière lui une expérience de dessinateur humoristique – il a ainsi créé le personnage de Monsieur Virgule aux Nouvelles Littéraires - un passé aussi de journaliste, un peu de réalisateur à l’occasion d’un film « Hercule », codirigé avec Alexandre Esway. Carlo-Rim a surtout été le scénariste de plusieurs comédies comme Le mort en fuite ainsi que de films d’ambiance marseillaise comme Justin de Marseille ou Simplet qui le conduisent à rencontrer Fernandel. Celui-ci devient la vedette inattendue de l’Armoire volante qui donne lieu de sa part à une prestation figurant selon les spécialistes, parmi les dix plus étonnantes de sa carrière.

 
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On peut en convenir, il est dommage que la chute de l’Armoire volante ne se situe pas au niveau de ce qui la précède grâce à la performance hors normes de Fernandel. Et pourtant quand il écrit le film, Carlo-Rim ne pense pas spécialement à lui, mais à une autre vedette comme Michel Simon, Pierre Fresnay ou François Périer. Jusqu’à ce que son producteur lui explique : "Votre histoire de l’Armoire volante peut choquer le public. La popularité de quelqu’un comme Fernandel rétablirait l’équilibre. – Fernandel ? Jamais ! explose Carlo-Rim. Ce monsieur s’est discrédité depuis quelques années en tournant des choses inavouables."

Effectivement Fernandel enchaîne alors les pires films de sa carrière, comme Cœur de Coq ou Emile l’Africain, d’authentiques navets. Mais la véritable raison de la levée de bouclier de Carlo-Rim est en fait une brouille entre les deux hommes, une brouille qui dure depuis sept ans et qu’un autre film intitulé Simplet avait engendré en 1942.

Carlo-Rim en avait écrit le scénario. Les Allemands alors puissance occupante avaient contraints Fernandel à réaliser, le projet s’était transformé en débâcle et les deux hommes, Fernandel et Carlo-Rim ne s’étaient plus adressé la parole depuis. Mais bien avant sa conversation avec Carlo-Rim, le producteur de l’Armoire volante avait adressé sans le dire le scénario à Fernandel qui l’avait déjà plus ou moins accepté. A l’arrivée le Nîmois et le Marseillais tombent dans les bras l’un de l’autre, et Fernandel lâche cette phrase : "Une bonne brouille, c’est comme une bonne purge, ça nettoie l’amitié."

Fernandel investit littéralement le personnage de Monsieur Puc... Carlo-Rim a bien insisté auprès de lui : "Cette comédie doit être traitée comme un drame. Vous ne rirez pas une seule fois afin de ne pas montrer vos dents." Le tournage du film dure huit semaines  pendant lesquelles Fernandel en petit fonctionnaire timoré, fait preuve d’une docilité inhabituelle. Et effectivement les critiques les plus intransigeants, des gens comme André Bazin, salueront sa prestation en la plaçant au niveau  d’Angèle ou de Regain, deux films de Marcel Pagnol. Pourtant le public ne se précipitera pas. Fernandel et Carlo Rim ne retravailleront plus ensemble. Il faudra l’acharnement des ciné-clubs alors en pleine gloire, pour que l’armoire volante se mette à jouir d’un certain prestige.

Ayant tourné un nombre astronomique de films, dont certains chefs d’œuvres chez Pagnol, Fernandel s’est souvent enfermé dans sa propre caricature, et a interprété le corniaud dans pas mal de navets dans lesquels ses mimiques devenues récurrentes pouvaient lasser, voir ...

J'appréhendais un peu de voir "l'armoire volante", l'humour de Carlo Rim appartenant à celui des caricaturistes, ce dernier basculant facilement dans la fausse insolence, l'audace facile, surtout dans sa transposition cinématographique (cf "La rue sans loi"). Je n'en ai été ...

"L'armoire volante" est un film que j'ai vu petit et qui depuis lors n'a jamais cessé d'exercer une solide fascination. Inclassable, cette comédie a quelque chose d'inénarrable, voire d'incompréhensible. Cette dernière revoyure m'a procuré un énorme plaisir. Cela faisait ...