L'ESPRIT DE 45

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« L’intérêt de réaliser un film à partir d’images d’archives, c’est qu’on n’a pas à se geler les fesses en plein vent pour filmer les acteurs. On reste assis au chaud à sélectionner les images et les sons qui nous intéressent », explique Ken Loach qui, à 76 ans, est toujours aussi infatigable lorsqu’il s’agit de défendre la cause des pauvres et des opprimés. Ancien étudiant en droit, il a appris la mise en scène en travaillant à la BBC au début des années 60. Dans sa volonté d’être en prise directe avec les réalités britanniques, L’Esprit de 45, qu’il a présenté au festival de Berlin 2013, n’est pas si loin de ses premiers travaux télévisuels.

En même temps, tous les sujets qu’il y aborde, de la nationalisation des services de santé et de l’industrie aux dérèglements économiques qu’ont entraîné leur privatisation renvoient à tous ses longs métrages de fiction, qu’il a toujours voulu très documentés, sinon inspirés de faits réels. Qu’il s’agisse de Navigators, en 2001, sur les problèmes liés à la privatisation des transports ferroviaires ou d’It’s a Free World, qui dénonçait, en 2007, les dérives de la libre entreprise.

Conscient qu’un film comme L’Esprit de 45 aurait du mal à être produit aujourd’hui à la télévision, mais qu’il était nécessaire de le montrer aux jeunes générations dans l’espoir de les sensibiliser à l’esprit de solidarité économique qui a suivi l’immédiat après guerre, Ken Loach s’est mobilisé. Il s’est servi de sa réputation de cinéaste engagé, célébré et récompensé dans les festivals du monde entier et aussi de Sixteen Films, sa société de production montée avec son scénariste Paul Laverty et la productrice Rebecca O’Brien. Cette dernière a produit les principaux films de Loach depuis Land and Freedom, 1995.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NAVIGATORS (Cette fiction documentée raconte ce qu'est devenu le transport ferroviaire britannique, quand l'esprit de 45 a disparu) ou encore LA GUERRE SANS NOM (Un documentaire réalisé par un réalisateur surtout connu pour ses fictions, qui revient sur un moment-clé de l'histoire de son pays).

Né en 1936, Le réalisateur Ken Loach a confié avoir peu de souvenirs du gouvernement en place en Grande-Bretagne, après la Seconde Guerre mondiale. En revanche, il se souvient qu’autour de lui, dans sa famille et dans le voisinage, tout le monde avait un emploi. Réaliser ce film revenait en quelque sorte à revisiter son enfance. En plus des images d’archives, Loach a réalisé de nombreuses interviews de médecins, mineurs, infirmières, militants ou simples citoyens qui ont bien connu cette époque. Tous ont accepté de témoigner en espérant éveiller les consciences des jeunes générations. Pour faciliter le mélange de ces images récentes avec les documents d’archives, Loach a choisi de filmer les interviews en noir et blanc.

Le format documentaire était pour Ken Loach une première, mais il s’inscrit dans une nécessaire recherche formelle que le cinéaste a mené de front depuis ses débuts au cinéma. Car si la forme de la chronique quotidienne et naturaliste est celle qu’il a le plus souvent adoptée pour faire passer ses idées, il s’est régulièrement ouvert à d’autres genres, sans rien perdre de sa volonté d’engagement social : film historique (Black Jack, 1979), comédie ironique (Riff Raff, 1991) voire même fantastique emprunt de merveilleux dans Looking for Eric, avec Eric Cantona en 2009, qui intégrait aussi sa passion pour le football.

Il serait tentant de comparer ce film et la Sociale de Gilles Perret (au thème comparable, et où on retrouve aussi l'évocation de l'envie de changement à cette époque-d'où le titre) mais il y a tout de même des différences. Ne serait-ce que parce que le National Health ...

Montage d'images d'archives avec interviews contemporaines (également tournées en Noir et Blanc). Cela fait du bien de voir comment, dans des circonstances très défavorables (pays ruiné, nombreux blessés etc...) un gouvernement très décidé, soutenu par un peuple très ...

Ce documentaire relativement méconnu car assez peu diffusé de Kean Loach, voire donc un peu censuré, est sorti en 2013, quelques semaines après le décès de Thatcher, alors que l’Europe se débattait dans une crise économique et sociale tout en menant une dérégulation ...