L'ÉTRANGE COULEUR DES LARMES DE TON CORPS

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« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé »... Cet adage un brin 19e siècle, je vous l’accorde, signifie en fait que l’absence de l’être aimé exacerbe la solitude ressentie. Comment ? « C’est pas beaucoup plus moderne » ? Bon, résumons l’intrigue du film d’Hélène Cattet et Bruno Fornazi qui va suivre : en rentrant d’un voyage d’affaire, un homme découvre son appartement déserté par son épouse. 

Aucune nouvelle d’elle, ni bonne ni mauvaise. La disparue est-elle partie volontairement ? Lui est-il arrivé quelque chose de grave ? Face à ces interrogations sans réponse, le mari va peu à peu voir ressurgir ses souvenirs et ses névroses. L’appartement hier encore nid de son bonheur supposé va se muer en endroit inquiétant, sinon dangereux... 

Vous l’aurez compris, tout ceci est un peu sombre, une sorte de polar iconoclaste interdit aux moins de 12 ans, attention, dont l’image et le style sont particulièrement soignés. Travail récompensé du Magritte belge de la meilleure image en 2015...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GONE GIRL (Mais où sont-elles ? Deux femmes ont disparu... Comment ? Pourquoi ? Qui se cache derrière tout cela ? Réponses au bout de ces deux films haletants...) ou encore THE FATHER (Un appartement, c'est un refuge, un nid... Mais soudain, quand tous les repères disparaissent entre ces murs, l'endroit devient inquiétant, menaçant...).

Le cinéma belge est décidément une catégorie à part. On trouve dans les films venant de Belgique un univers, un ton et un style uniques... « L’étrange couleur des larmes de ton corps » en est encore un exemple vibrant. Que ce soit dans le polar, le thriller, la comédie ou le drame, nos voisins ne font pas les choses comme les autres... A partir des années 60 a commencé à émerger une génération d’artistes qui, depuis, n’ont jamais cessé de nous surprendre et d’obtenir souvent de très jolis succès... 

De cette époque nait une obsession : lutter contre un certain académisme du 7e art, une sorte de Nouvelle Vague façon Bruxelles dont Noël Godin entre autres sera l’un des fers de lance...  A partir des années 80, une génération de cinéastes étiquetés « auteurs » se font remarquer dans les festivals, à l’image de Chantal Akerman. Le succès public viendra avec des réalisateurs comme Jaco Van Dormael : « Toto le héros » ou « Le 8e jour » qui distillent l’émotion dans plusieurs registres : la comédie, le drame, la tendresse et un brin de poésie... Mais le cinéma belge, c’est aussi parfois un peu d’outrance et de trashitude : « C’est arrivé près de chez vous » de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoit Poelvoorde choque autant qu’il amuse en 1992. Poelvoorde deviendra avec le temps une des valeurs sûres de « notre » cinéma tricolore, capable de se fondre dans des productions énormes comme « Astérix » ou « Rien à déclarer » tout en flirtant avec des ambiances plus sombres comme « Entre ses mains », « Selon Charlie » ou « Trois coeurs »... 

La Belgique sur grand écran, ce sont aussi de purs moments de grâce comme « Farinelli » de Gérard Corbiau, « L’enfant » ou « Rosetta » des frères Dardenne, (deux fois palmés d’or à Cannes), « 38 témoins » de Lucas Belvaux, « Les géants » de Bouli Lanners, « Les intranquilles » de Joachim Lafosse, « Quand la mer monte » de Yolande Moreau ou « Alabama Monroe » de Felix Van Groeningen...

Après Amer, leur premier long métrage en forme de lettre d’amour au Giallo, le duo Hélène Cattet / Bruno Forzani explore encore plus précisément avec L’Etrange couleur des larmes de ton corps, les motifs récurrents du genre. Véritable regard sémiotique sur la mise ...

J’ai vu ce film pour la première fois au mois de janvier lors du festival des maudits films à Grenoble. Je me suis totalement laissé happé par la mise en scène et n’ai donc pas pu m’accrocher suffisamment au scénario pour en tirer quelque chose de concluant. Ayant adoré ...

J'ai vu le film en compagnie du réalisateur suivi d'un blind test sur les gialli présentant les références plus ou moins directes utilisées pour "L'étrange couleur des larmes de ton corps" ; s'il est fastidieux de préciser à quelle référence correspond telle scène, les ...