LA BELLE ÉQUIPE (VERSION RESTAURÉE)

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La belle équipe de Julien Duvivier est à la fois le film qui sonne le glas des illusions de la classe ouvrière et un chef d’œuvre naturaliste sur les petites gens des années 30.

Sorti en septembre 1936, cinq mois après la victoire de la gauche aux élections, on l’a bien sûr très vite estampillé « film Front popu ». L’argument flirte avec l’utopie ouvriériste: un groupe de cinq copains gagne à la Loterie nationale et avec cet argent crée une guinguette où seront associés les joies des loisirs et la nécessité du bizness.

Jean Gabin et Charles Vanel sont à la manœuvre en compagnie de Aimos, et comme on dit chez nos amis anglo-saxons, "Cherchez la femme". Et bien la femme c’est la capiteuse Viviane Romance. Et avec elle tout peut arriver, le meilleur comme le pire. Surtout le pire.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE ÉNORMÉMENT (1974) DE YVES ROBERT (Dans une version plus contemporaine une vraie histoire de copains, complices dont les destinées parallèles sont entravées par les trahisons, les histoires d'amours déraisonnables, les aléas de la vie.) ou encore LE BAL (1983) D'ETTORE SCOLA (Le bal, le lieu de la fête populaire, où l'on se rencontre, s'aime, se trahit, s'affronte et où la société se révèle est un film chorégraphique au sens premier du terme de Ettore Scola.).

C’est un réalisateur de 40 ans chevronné qui s’empare du sujet de La belle équipe coécrit par Charles Spaak, qui soit dit en passant l’a pondu en même temps que La grande illusion pour Renoir.

Duvivier a débuté après la première guerre mondiale chez Gaumont comme scénariste, assistant puis réalisateur. David Golder son premier parlant et La bandera avec Gabin en font un cinéaste de premier plan. La belle équipe qui devait s’intituler Jour de Pâques est aussi une métaphore sur le cinéma, son travail de groupe, ses enthousiasmes et ses passions. D’ailleurs le destin volontiers allégorique a voulu que le film ait deux fins. La première, l’originale, jugée trop pessimiste en ces périodes d’exaltation populaire fut contestée par les producteurs qui firent tourner à un Duvivier grognon une fin alternative et optimiste. Toutefois c’est la version dramatique que vous allez voir, celle que voulait le cinéaste.

Ce film voit la naissance du mythe Gabin le joli prolo au grand coeur qu’on retrouvera chez Carné et Grémillon. Charles Vanel d’ailleurs fera sa petite colère en voyant le nom de son partenaire seul en haut de l’affiche. Le film ne rencontra pas un très grand succès, en revanche la ritournelle "Quand on s’promène au bord de l’eau" que chante Gabin avec sa gouaille légendaire et qui fut composée par Maurice Yvain eut les faveurs des bals popus et des… guinguettes…  Voici donc la Belle équipe dans une version restaurée, la copie est neuve, l’utopie elle, continue.

Alors voilà, c'est cinq types, y en a qui ont bossé à l'usine, et d'autres le travail ils sont plutôt contre, y en a même qui vient de perdre la guerre d'Espagne, ils vivent dans des petites chambres sales, faut voir le proprio, la poussière, les araignées et l'odeur des ...

1936 donc… C’est vrai, c’est une année importante de l’Histoire française. Celle de l’élection du Front Populaire. Ce qui est moins vrai c’est que Julien Duvivier prétendrait avec La Belle Equipe faire un portrait fidèle ou définitif de cette époque. La Belle ...

Qu’on juge un peu de l’actualité du cinéma en 1937 : Renoir partage avec Duvivier le même scénariste, Spaak. Ne parvenant pas à financer La Grande Illusion, il envoie son auteur négocier avec Duvivier un échange : La Belle Equipe (un film humaniste et modeste sur le ...