LA CROISÉE DES DESTINS

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Depuis que le producteur David O. Selznick l’avait été congédié du tournage d’Autant en emporte le vent, sous prétexte qu’il ne saurait pas diriger les séquences à grand spectacle, George Cukor attendait l’occasion de prouver qu’il pouvait mettre en scène une superproduction. Ce sera chose faite avec La Croisée des destins, situé dans l’Inde de 1947.

Manifestations de rues, attentats, mouvements de foules… le réalisateur montre qu’il est parfaitement à l’aise pour reconstituer la période mouvementée de l’accession du pays à l’Indépendance. Entre parenthèses, comme le gouvernement indien n’était pas chaud pour accueillir le tournage et souhaitait avoir un droit de regard sur le scénario, c’est au Pakistan qu’ont été filmés les extérieurs de cette production.

Avec ses inévitables méchants communistes le scénario de cette fresque en CinémaScope et en couleurs est marqué par la guerre froide. Son personnage principal est une jeune Anglo-Indienne déchirée par des problèmes d’identité et tiraillée entre trois hommes de cultures différentes. Ava Gardner incarne cette héroïne aussi séduisante en uniforme de l’armée anglaise qu’en sari. Pour amadouer une censure ultra-puritaine, la star porte d’ailleurs des tenues et des décolletés fort sages mais, comme le faisait remarquer Cukor, son sex-appeal s’exprimait sans effort. Pas besoin du moindre dialogue, pour faire comprendre ses pensées les plus libres, le public les aurait saisies juste par son regard !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE DERNIER VICE-ROI DES INDES (Un récit qui évoque le départ des Britanniques de l'Inde en 1947) ou encore GANDHI (Une superproduction retraçant notamment la période de l'accession à l'indépendance de l'Inde).

Que s’est-il passé entre Stewart Granger et Ava Gardner sur le tournage de La Croisée des destins ? La question n’a rien de fondamental au regard de l’histoire du cinéma et la réponse est d’ailleurs  : pas grand chose en fait. Mais chacun des deux interprètes donne une version différente de leurs relations à cette époque. Si l’on en croit Granger, la belle Ava lui aurait fait de multiples avances, toutes repoussées par respect et fidélité à son épouse d’alors l’actrice Jean Simmons, qui de son côté tournait à Hollywood avec Frank Sinatra, lui-même mari d’Ava Gardner. Cette dernière, pour sa part, présente une autre version : Granger aurait un jour fait comprendre qu’il pourrait tromper son épouse. L’actrice lui aurait alors souri et en lui tapotant la main elle lui aurait fait remarquer qu’il n’aurait pas dû croire ce que disaient certains articles…

Tourner la tentative de viol a en tout cas profondément marqué Ava Gardner. « Quand la scène a été finie, raconte-t-elle, j’ai quitté le plateau sans un mot et me suis réfugiée dans ma caravane toute tremblante pour avaler un grand whisky. Je connaissais depuis des semaines mon partenaire Lionel Jeffries qui jouait l’agresseur. C’était quelqu’un de tout fait doux en réalité et je l’adorais mais je savais que si je ne le revoyais pas rapidement cette scène allait m’obséder à jamais et que j’allais me mettre à le haïr. J’ai alors demandé à George Cukor de le faire venir rapidement parce que si je ne le serrais pas tout de suite dans mes bras, je ne pourrais plus lui adresser la parole de ma vie ! » Jeffries est donc arrivé et tout est rentré dans l’ordre. N’empêche, Ava Gardner assure qu’aucune autre scène ne l’a autant terrorisée dans la suite de sa carrière.

Au grand regret de George Cukor, la stricte censure des années 50  a fait couper plusieurs moments érotiques. Il a fallu par exemple renoncer à montrer Ava Gardner utiliser la brosse à dents de son amoureux avant de se rincer la bouche au whisky. Le cinéaste regrettait aussi une séquence entre la comédienne et Bill Travers qui interprète le personnage de Patrick Taylor. Le réalisateur se souvient : « Vous connaissez la scène dans Les Amants de Louis Malle où l’homme fait l’amour avec Jeanne Moreau... Il est sur elle et tout à coup sa tête disparaît pendant que la caméra reste sur le visage de l’actrice en extase. J’ai fait exactement la même chose dans La Croisée des destins avec Ava et Bill Travers des années avant Louis Malle. Mais tout ça est finalement resté sur le plancher de la salle de montage… »

La Croisée des destins est tout à fait dans la lignée des films à grand budget des studios hollywoodiens de la grande époque, on suit le parcours de quelques personnages peu de temps avant que Les Indes deviennent L'Inde et accède donc à son indépendance.C'est du ...

L’inde, ses traditions et son Histoire ont beaucoup inspiré le cinéma au cours des décennies. La mousson ( Clarence Brown, 1939), Le tigre du Bengale (Fritz Lang, 1959), Gandhi (Richard Attenborough, 1982), La route des Indes (David Lean, 1984) sont les plus belles réussites ...

L’action se situe en 1947 en Inde, juste avant l’indépendance du mois d’août. Mais la situation est complexe, car il ne s’agit pas de la simple lutte d’un peuple contre un autre. Il s’agit aussi d’hommes et de femmes. D’autre part, les indiens ont des partis et ...