LA DERNIÈRE PISTE

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Kelly Reichardt est une cinéaste américaine un tantinet hors du commun. Lauréate de la bourse du mémorial John Simon Guggenheim, elle enseigne à l’Université Bard dans l’Etat de New York et parallèlement réalise des films comme Ode tourné en super 8, Old joy ou encore Wendy & Lucy, tous alimentés par l’imaginaire du voyage et des grands espaces américains.

Dans La dernière piste, un western vrai de vrai, elle nous conte le voyage d’une caravane dans l’Oregon en 1845. Composé de trois familles, le convoi est guidé par un trappeur qui parce qu’il prétend connaître un raccourci, va conduire le groupe sur une piste non tracée à travers les hauts plateaux désertiques. Tout ce beau monde se retrouve perdu au milieu d’un désert de pierres.
Pour incarner les différents personnages de cette histoire de survie, la réalisatrice a fait appel à la comédienne Michelle Williams à qui elle avait déjà confié le rôle de Wendy dans son film Wendy & Lucy, tout comme Will Patton également apparu dans le film en question, puis à Bruce Greenwood, vu dans Le monde de Barney de Richard Lewis, et qui joue ici le rôle du trappeur particulièrement barbu, à Zoe Kazan remarquée entre autres dans Les Noces rebelles de Sam Mendes, sans oublier Paul Dano, le pasteur dans There will be blood de Paul Thomas Anderson, ou encore Shirley Henderson à qui Sofia Coppola avait attribué le personnage de la tante Sophie dans Marie Antoinette.

Le scénario de La dernière piste est signé Jon Raymond, par ailleurs auteur des nouvelles qui ont inspiré à Kelly Reichardt ses deux précédents films Old joy et Wendy & Lucy.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver WINCHESTER 73 (Ce film d'Anthony Mann a également été tourné au format carré, à l'inverse des nombreux westerns utlisant le cinémascope.) ou encore DEMINEURS (La réalisatrice Kathryn Bigelow s'est spécialisée dans le tournage de films qui se déroulent essentiellement dans des univers masculins.).

Le western auquel vous venez d’assister a de particulier le fait d’avoir été tourné au format carré (en fait, 1.33) jadis utilisé, et repris occasionnellement par des cinéastes pour des raisons précises.

Dans le cas de La dernière piste, la réalisatrice Kelly Reichardt explique qu’elle a choisi cette option dans le but pouvoir surprendre le spectateur en dépit de l’immensité du décor environnant. Il est difficile, dit-elle, de ménager un effet de surprise lorsque l’on voit tout ce qui se passe à vingt kilomètres à la ronde, et ce quelle que soit la direction dans laquelle on regarde. Et rester tout près des personnages, voire serré sur leurs visages, permettait justement d’aller vers la surprise à chaque fois que cela s’avérait nécessaire. Et puis, ajoute-t-elle, il y aussi l’ovale des wagons et des bonnets qui ressort mieux dans ce format, tout comme une certaine profondeur de champ que l’on n’obtient pas avec le Cinémascope.

La réalisatrice avoue cependant s’être inspirée pour ce choix d’image, des photographies réalisées par Robert Adams, et aussi, voire surtout, de certains westerns tournés par Anthony Mann et William Wellman qui allaient à l’encontre de ce qui se faisait généralement dans ce type de films, voulant parler du Cinémascope.

Le son aussi, raconte Kelly Reichardt, a bénéficié d’un traitement particulier, puisque des micros ont été posés sur les chevaux, les buissons et les caravanes dans le but de capter les moindres bruits d’un convoi en marche dans le désert.

Pour ce qui est du scénario de La dernière piste, Jon Raymond s’est inspiré des journaux intimes laissés par les personnes qui ont réellement vécu des événements similaires en 1845. D’où l’aspect plus authentique que spectaculaire conféré au film.

Et puis, fait également non négligeable, La dernière piste fait partie de ces westerns qui se comptent pratiquement sur les doigts d’une main, dans lesquels le personnage principal est une femme. Il y eut Marlene Dietrich dans L’Ange des maudits, Joan Crawford dans Johnny Guitar, Barbara Stanwyck dans Quarante tueurs et pourquoi pas Sharon Stone dans Mort ou vif. Il y aura maintenant La dernière piste avec Michelle Williams, une actrice qui déteste tricoter et qui aurait prévenu la réalisatrice en amont du tournage, qu’elle ne se livrerait en aucun cas à cette activité. Kelly Reichardt la décrit comme étant devenue quelques semaines plus tard, une tricoteuse compulsive.

Avec son road-trip pré-western, Kelly Reichardt construit un film tout bonnement fabuleux sur l'histoire de ces neufs errants. Brillant, ingénieux et sublime, les adjectifs ne manquent pas pour décrire cette Dernière Piste à la fois âpre et poétique. Un bijou intimiste, ...

Je pense qu'on réalise difficilement à quel point Kelly Reichardt est l'une des meilleures cinéastes. Cette Dernière piste ne déroge pas à la règle et elle sort encore une fois un petit bijou. Ce qui est formidable dans ce film, c'est qu'elle déjoue toutes nos attentes ...

La dernière Piste est un western, car il parle de la conquête de l'Ouest. Il y a de grands espaces, des revolvers, des chariots et un indien. On y tire, on y braque, on y chevauche. Si on ne s'en tient qu'à ces poncifs, la Dernière Piste n'est qu'un western comme un autre. ...