LA DERNIÈRE TRANCHÉE

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A quoi ressemblait la vie sur le front de la guerre de 14-18 ? Peut-être bien à ce qu'il en est montré dans La dernière tranchée. Trois soldats anglais y sont coincés en France sur le champ de bataille en 1916. C'est l'heure de survivre aux assauts des fantassins allemands, mais aussi de savoir comment gérer le temps entre les attaques, en essayant de refaire le monde.

Ce regard sur la Grande guerre vient de loin, La dernière tranchée étant... un film australien. Rien de vraiment inattendu si l'on veut bien se pencher sur l'histoire de ce cinéma. Sans jouer les historiens, on découvre rapidement qu'il a régulièrement abordé des grands conflits, qu'ils impliquent des troupes australiennes -comme Gallipoli, le film de Peter Weir qui révéla Mel Gibson-  ou pas. Ainsi le pays de Mad Max et des kangourous a déjà relaté la guerre des Boers en Afrique du Sud, celle du Vietnam ou donc les tranchées de la Somme.

Alors qu'y a-t-il d'essentiellement australien dans La dernière tranchée ? Peut-être ce portrait d'une amitié plus forte que tout, poussée à l'extrême dans un contexte où l'on peut mourir à chaque seconde. Ou ce regard de biais lorsqu'est explorée une autre facette, collatérale, des guerres, via une partie sur le quotidien d'une femme d'un de ces trois soldats pendant son absence, menant une autre bataille. Un sens du contrepoint typique de ce cinéma des antipodes, souvent émancipé des clichés, pour ne pas dire, dans le cas de La dernière tranchée, des canons du genre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA TRANCHÉE (Un autre regard sur des soldats anglais sur le front de la première guerre mondiale) ou encore A L'OUEST RIEN DE NOUVEAU (Le premier grand film classique sur la tragédie de 14-18).

La nationalité australienne de La dernière tranchée n'est pas sa seule particularité: Si Adrian Power est  né à Sydney, Johan Earl, son coréalisateur est lui Suédois. Mais aussi homme de cinéma très polyvalent puisque designer d'effets spéciaux, accessoiriste spécialisé dans les armes à feu, scénariste et initialement acteur - il tient d'ailleurs l'un des trois rôles principaux de leur film.

La dernière tranchée a par ailleurs la spécificité d'être un film de guerre ayant les apparences de superproduction - ne serait-ce que par ces 900 plans truqués- alors que le budget, entièrement issu de fonds privés, est celui d'une série B. Power et Earl ont d'ailleurs tourné dans ce type de condition, bouclant leurs prises de vues dans un délai record de 22 jours. La mauvaise météo, généralement ennemie des tournages, aura pour le coup été d'une grande aide. A une semaine du tournage, une série de gros orages s'est abattue sur Wongarbon, la banlieue de Sydney ou avaient été creusées les tranchées du film. Malgré les difficultés causées par un décor quasi-inondé, l'équipe a préféré tourner, se retrouvant dans une situation très proche de celle que connurent les authentiques soldats dans le bourbier français.

Power et Earl ont en revanche du renoncer à la fin initiale de La dernière tranchée, non seulement parce que lors de projections tests, les spectateurs la jugèrent trop désespérée mais surtout parce que lors de son tournage, un personnage devait sauter par dessus un cratère avant d'être blasté par une explosion. Celle-ci fut mal dosée, endommageant non pas le comédien mais les caméras, sérieusement secouées par le choc.