LA FEMME ET LE PANTIN

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Voilà sans doute le film qui, 3 ans après la révélation mondiale de « Et Dieu créa la femme » de Vadim, fit de Brigitte Bardot le sex-symbol éclatant des années 60, la personnification de la libération de la femme, annonciatrice de 1968... Dans « La femme et de pantin » de Julien Duvivier, BB incarne Eva, une belle jeune fille de Séville en Espagne, courtisée par un célèbre matador, Matteo...

Bien décidée à ne pas céder à tout prix aux avances du séducteur, Eva tourne l’obsession de son soupirant en ridicule, ne faisant qu’accroître son désir... Le belle devient alors une bête, faisant subir au pauvre garçon toutes les humiliations possibles...

Adapté du roman de Pierre Louys, le film fit scandale à sa sortie. Il conserve aujourd’hui un charme à la fois désuet et vénéneux qui doit beaucoup à la manière dont le réalisateur filme Bardot, à la fois sensuelle et pudique. Elle est ici entourée d’Antonio Vilar, Michel Roux ou du chanteur-acteur Dario Moreno...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ET DIEU CREA LA FEMME (Aimer ou séduire ? Céder ou se refuser ? Dans les années 50, Brigitte Bardot incarne avec une fougue sauvage la passion au féminin...) ou encore MANOLETE (Le monde de la corrida est régi par des codes très précis : la fierté et la séduction en font partie. Quand une femme bouscule les règles établies, les conséquences sont imprévisibles...).

Julien Duvivier est le cinéaste du paradoxe... Quelques-uns de ses films restent comme des pièces maîtresses du 7e art français des années 30 à 60, la plupart creusent le sillon de la gravité voire de la noirceur et pourtant... Pourtant, dans l’esprit du grand public, le nom de Duvivier est accolé au triomphe populaire de « Dom Camillo » dont il tourna le premier puis le 2e volet de la saga en 1952 et 53... Cette fantaisie politico-religieuse racontant l’affrontement entre un curé italien incarné par Fernandel et Peppone, le maire communiste d’un petit village, ne peut et ne doit pas cacher l’œuvre majeure de Julien Duvivier, débutée au temps du meut, poursuivie avant-guerre en France, aux Etats Unis durant l’occupation et achevée à sa mort en 1967 à 71 ans...

Réalisateur prolifique, c’est en 1936 qu’il s’impose définitivement dans le souvenir du plus grand nombre des spectateurs, grâce à « La belle équipe » dans laquelle Jean Gabin, Charles Vanel ou Vivianne Romance se déchirent autour de l’achat d’une guinguette après un gain à la loterie... Gabin que Duvivier retrouve l’année suivant pour « Pépé le Moko », l’histoire d’un caid de la pègre réfugié dans la casbah d’Alger, tombant amoureux de la femme d’un homme riche... En 1939, c’est « La fin du jour », film majeur qui réunit Louis Jouvet, Michel Simon, Victor Francen et quelques autres dans une maison de retraite pour vieux artistes sans le sou, méconnus ou passés de mode...

Après-guerre, de retour des Etats Unis, Julien Duvivier retrouve ses caméras mais peine à retrouver le succès. « Panique », adaptation on ne peut plus noire de l’œuvre de Simenon, avec Michel Simon est un terrible échec... La série des « Don Camillo » on l’a vu, le remettra un temps dans le jeu mais ses dernières années seront en demi-teinte avec des films comme « Voici le temps des assassins » avec Gabin, « Marie Octobre » avec Danièle Darrieux ou « Chair de poule » avec Robert Hossein... En 1967, il termine le montage de « Diaboliquement votre » avec Alain Delon quand une crise cardiaque le foudroie au volant de sa voiture, mettant un terme à une carrière riche de 70 longs-métrages...