LA PIÈCE RAPPORTÉE

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Pas facile à vivre la maman de La Pièce rapportée, comédie d’Antonin Peretjatko. Ce n’est pas pour rien que sa famille l’a surnomme la « Reine-mère ». Elle régente tout et tous mais principalement son fils, vieux garçon endurci, qui a convolé sur le tard avec une fort jolie jeune personne. Cette dernière est-elle fidèle à son époux ? La maman est persuadée que non. Et la guerre est vite déclarée entre ces deux femmes fortes. Surtout que l’héritier dont rêve la « Reine-Mère » semble aux abonnés absents dans le ventre de sa bru.

La Pièce rapportée est le troisième long-métrage d’Antoine Peretjatko après La Fille du 14 Juillet (2013) et La Loi de la jungle (2016). Il s’est inspiré d’une nouvelle de huit pages de la dramaturge Noëlle Renaude parue dans la revue Bonne soirée pour écrire son scénario. Il a également puisé des idées dans Le Roman d’une contrebasse d’Anton Tchekhov. Il a adapté ces histoires à l’époque actuelle en insistant sur le mélange entre les classes sociales.

Anaïs Demoustier a remporté un César pour Alice et le maire de Nicolas Pariser en 2020. Antonin Peretjakto l’a choisie parce qu’il savait qu’elle prendrait grand plaisir à se grimer pour son rôle. Il en était de même pour Philippe Katerine et le cinéaste estime qu’une grande partie de la création du personnage a été effectuée quand il a trouvé la perruque idéale pour le comédien. Josiane Balasko était une aussi une évidence pour le réalisateur qui aimait son mélange d’outrance et de retenue.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES NUITS DE LA PLEINE LUNE (Eric Rohmer aime aussi jouer avec les sentiments, l'amour, le hasard et des interprètes complices.) ou encore LA VIE AQUATIQUE (Wes Anderson brosse lui aussi le tableau d'une famille délicieusement farfelue en dirigeant une pléïade d'excellents actrices et acteurs.).

La Pièce rapportée est avant tout une comédie sur les classes sociales. Antonin Peretjakto a souhaité qu’elle parle des ultrariches et du fait qu’ils sont déconnectés de la réalité du restant de la population. Le film est donc truffé de références à l’actualité du début des années 2020. C’est pour cela qu’il a tenu à montrer la Rolls de la famille huppée passant devant un bidonville, un plan qui est aussi un clin d’œil à une case de Tintin et les Picaros d’Hergé. 

Comme il ne connaissait pas bien le 16e arrondissement de Paris où se déroule une grande partie de l’intrigue, le cinéaste a demandé des conseils à son assistante-réalisatrice Stéphanie Téchenet qui était plus familière que lui avec ce quartier. Elle l’a notamment aidé à choisir le mobilier et les tenues des protagonistes car Antonin Peretjatko avait peur de commettre des impairs dans la représentation de ce milieu. Il a tenu à tourner pour la première fois dans la Tour Eiffel, un monument qu’on ne voyait qu’en arrière-plan dans ses précédents films. Il estime que ce « tas de ferraille surréaliste », comme il le surnomme, illustre parfaitement l’ascenseur social qui est l’un des thèmes majeurs de La Pièce rapportée. 

La voix-off du film tenait énormément à cœur au réalisateur qui estime qu’elle constitue un élément humoristique important. Il a choisi qu’elle soit partie prenante de l’histoire et donne son opinion sur les héros au lieu de rester neutre ce qui est souvent le cas.  Il a aussi changé de style de mise en scène pour ce troisième long métrage pour lequel il a réalisé des plans plus longs afin de mieux mettre en valeur le jeu des acteurs. Il a décidé de tourner en accéléré (en 22 images/ seconde) afin d’apporter un rythme plus soutenu à ses prises de vues. Il a ensuite corrigé les voix des comédiens pour que les dialogues restent naturels.

Voilà une petite fantaisie comme un bonbon de cinéma qui se situe en quelque sorte entre Bruno Podalydès et Emmanuel Mouret. Résultat une fable des temps modernes à la fois absurde et pourtant bien ancrée dans l'actualité, dire des chose sans jamais se prendre au sérieux ...

Vu les retours, j'avais vraiment peur de me retrouver face à un navet, ou du moins quelque chose d'assez médiocre, surtout que j'aime beaucoup le réalisateur et que je plaçais de grands espoirs dans ce film. Et en fait, ça va. Je mentirais en disant que je ne me suis pas ...

Dès le générique le ton est donné en se foutant du politiquement correct, ensuite il faut aimer le décalé, l'incongru, le vaudeville… et là je dois dire qu'on est servi dans cet univers que ne renierait pas Topor. Le film offre plusieurs niveaux de lecture, disons-le ...