LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM

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A quoi sait-on que l’on a raté sa vie ? Pour certains, c’est à l’absence d’une Rolex à son poignet passé un certain âge, pour d’autres c’est en constatant que le prof de zumba est marié et pas avec une dame, (allez tatie Clara, le coach de yoga est pas mal non plus !), mais pour monsieur Sim, c’est quand il s’aperçoit que même son père n’a pas le temps de déjeuner avec lui, alors qu’il est allé jusqu’en Italie pour le voir...

Sans femme et sans boulot, il pourrait se laisser aller au désespoir mais non : toucher le fond va lui permettre de rebondir. Monsieur Sim va se lancer dans une activité aussi improbable que son existence jusqu’alors : devenir commercial ambulant et vendre des brosses à dents réputées révolutionnaires pour l’hygiène buccale ! Un périple initiatique qui va le jeter sur les routes de France à la recherche de ceux qu’il a ratés jusqu’ici et sans doute face à lui-même...

Michel Leclerc signe un film joyeusement désespéré, illuminé par la présence de Jean-Pierre Bacri, irrésistible de tendresse et d’agacement !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE REVEE DE WALTER MITTY (Quand tout vous semble vain, raté et compliqué, rien de mieux qu'un nouveau départ, (fut-il périlleux), pour redonner du sens à la vie... Ben Stiller et Jean-Pierre Bacri en font la démonstration éclatante !) ou encore A LA RECHERCHE DU BONHEUR (Will Smith/Jean-Pierre Bacri même combat ? Etre représentant de commerce peut en tout cas apparemment ouvrir de nouveaux horizons...).

Réfléchissez bien : qui d’autre sinon Jean-Pierre Bacri aurait pu incarner ce Monsieur Sim, balançant en permanence entre noirceur et fulgurances ? La réponse est simple : personne !

Depuis ses débuts au cinéma en 1979, ce comédien trimballe sa longue silhouette sur les écrans, prononçant de son timbre acide et trainant des répliques qui ont fait avec le temps les beaux jours des amateurs de textes ciselés. Car Bacri, c’est aussi un auteur et dans cette Vie très privée de monsieur Sim, on croit reconnaître sa patte, sa griffe tant son style est immédiatement reconnaissable. Coup de foudre de Diane Kurys, Subway de Luc Besson, Mes meilleurs copains de Jean-Marie Poiré, Cuisines et dépendances de Philippe Muyl, Un air de famille de Cédric Klapisch, Didier d’Alain Chabat, Place Vendôme de Nicole Garcia ou Le goût des autres de sa complice Agnès Jaoui : les exemples et les faits de gloire sont légion !

N’oublions pas évidemment les collaborations du duo Jaoui-Bacri avec Alain Resnais, en tant que comédiens mais aussi auteurs. Smoking, no smoking en 1992 et On connait la chanson en 1997 ont marqués les esprits du public, de la critique et du métier, lequel a récompensé justement le duo d’un César du meilleur scénario original pour chacun de ces deux films...

Et puisqu’on parle de scénario, revenons à La vie très privée de monsieur Sim pour rassurer les lecteurs assidus : oui, l’histoire est bel et bien tirée d’un roman, celui de Jonathan Coe. Ce livre parlant d’un homme en reconstruction, faisant le bilan peu glorieux de sa vie a ému Michel Leclerc, futur réalisateur du film, alors en pleine période de  deuil et de doutes... Cela donne au finale à ce long métrage un ton acide mais un peu plus tendre que ses précédents opus comme La vie des gens ou Télé gaucho... Reste une critique acérée de notre société, dans laquelle la multiplication des moyens de communication n’empêche pas l’ultramoderne solitude, jadis chantée par Alain Souchon...

Après m'avoir bien fait rire avec Le nom des gens et légèrement déçu avec Télé Gaucho, Michel Leclerc revient avec cette Vie très privée de Monsieur Sim (comme la carte). J'ai vraiment beaucoup aimé. François Sim part sur les routes vendre des brosses à dent écolos ...

Il y a des gens à qui rien ne réussit. Ni le boulot, pompeux, ni la vie familiale, éclatée, presque évaporée. Ces gens ont désormais un interlocuteur de choix dans le cinéma français : M. Sim, quinquagénaire en pleine crise existentielle, dépressif de son état, occupé ...

Que je le veuille ou non, j'ai toujours eu un léger faible pour les films français. D'une façon quasiment inconsciente, voire même un peu inavouée. Il faut bien admettre que c'est un peu tarte d'aimer les films français quand on est cinéphile et qu'on veut être bien vu. ...