LAUTREC

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Lautrec s’inscrit dans la tradition du « biopic », de l’anglais « biographical picture », soit en français « film biographique. » Cela dit, un film ne remplace pas un livre d’histoire, aussi s’agit-il là d’une version condensée de la vie de l’artiste qui se concentre plus particulièrement sur sa période montmartroise à la fin du 19e siècle.

Bien que le scénario de Roger Planchon, également réalisateur du film, prenne de nombreuses libertés avec la réalité, il n’en reste pas moins que Lautrec décrit avec justesse l’atmosphère de l’époque, quand la bonne société française allait s’encanailler dans les cabarets parisiens et les maisons closes. Le film donne aussi à voir quelques artistes influents de l’époque, comme Aristide Bruant sous les traits de l’humoriste Jean-Marie Bigard, ou encore Vincent Van Gogh interprété par l’acteur belge Karel Vingerhoets. à noter également la présence habitée d’Anémone et Claude Rich qui incarnent les parents du peintre, et Elza Zylberstein dans le rôle de Suzanne Valadon.

Mais le film vaut surtout pour la performance extraordinaire de Régis Royer dans le rôle-titre. Issu du Conservatoire National d’Art Dramatique, avec ses faux airs de jeune Robert De Niro par moments, il fait ici la preuve d’un talent exceptionnel qu’on aimerait voir plus souvent au cinéma !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VAN GOGH (Un peintre pour un autre, ici devant la caméra de Maurice Pialat, déjà avec Elsa Zylberstein.) ou encore MOULIN ROUGE (Pour la même période, celle de Montmartre et du Cancan, ici avec toute la démesure de Baz Luhrmann. A noter qu'ici Toulouse-Lautrec est interprété par John Leguizamo.).

Outre Régis Royer, le peintre Henri de Toulouse-Lautrec a été représenté plusieurs fois au cinéma. On retiendra les incarnations de John Leguizamo dans Moulin rouge de Baz Luhrmann ; José Ferrer dans Moulin rouge de John Huston ; ainsi que, plus fugitivement, celle de Vincent Menjou-Cortès dans Minuit à Paris de Woody Allen.

Lautrec est le troisième film de Roger Planchon comme réalisateur. On lui doit également Dandin, d’après la pièce George Dandin de Molière, ainsi que Louis Enfant roi, qui se penchait sur l’apprentissage du pouvoir du jeune Louis XIV. L’acteur Régis Royer y interprétait alors le rôle du prince de Conti. En 1999, Lautrec a remporté deux César sur trois nominations ; ceux des Meilleurs costumes et des Meilleurs décors, Anémone ayant cédé celui du Meilleur second rôle féminin à Dominique Blanc pour Ceux qui m'aiment prendront le train de Patrice Chéreau cette année-là.

Concernant le personnage de Suzanne Valadon, que le film de Roger Planchon fait passer pour une simple muse plus que pour un peintre, même s’il est parfois fait mention de ses ambitions de ce côté-là, il importe d’apporter quelques précisions. Elle a en effet connu le succès de son vivant, au point d’être la première femme admise au sein de la Société nationale des beaux-arts en 1894. Aujourd’hui, on peut voir ses toiles au Musée des Beaux-Arts de Lyon, au Centre Pompidou à Paris ou au Metropolitan Museum de New York.

Après le très raté Cézanne et moi que j'ai vu récemment, j'avoue que ce Lautrec est une vraie cure de Jouvence... Tout ce que le premier faisait à l'économie, celui-ci le propose en version technicolor : nombre de figurants, musique, rythme, costumes, décors, lumières, ...