LE DAIM

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Huitième film de Quentin Dupieux, personnage atypique de la scène française, Le Daim intronise Jean Dujardin, The Artist parmi les artistes, dans l’univers non-sensique, très sensé, du réalisateur français. Un mariage heureux.

George a fait des kilomètres pour acheter, une fortune, une veste en daim à un vieux qui la vendait sur internet. George a tout plaqué pour elle, sa vie, sa femme, son banquier. Au fin fond de la France, il s’installe à l’hôtel avec sa maîtresse en cuir retourné. C’est une relation exclusive qu’il va nouer avec elle. Une relation qui va virer boucherie.

Il a un plan et Denise, la barmaid, monteuse à ses heures, qu’il rencontre au rade du coin va l’aider à aller au bout de ce plan. Dans le cinéma français, c’est carrément du jamais-vu.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHRISTINE (Les "objets qui tuent" forment une filmographie formidable : avant LE DAIM et son blouson malfaisant, il y avait CHRISTINE de Carpenter et sa voiture manipulatrice.) ou encore ENFIN VEUVE (Comme dans LE DAIM, on entend dans le film d'Isabelle Mergault le titre de Joe Dassin "Et si tu n'existais pas".).

Quentin Dupieux est chef opérateur sur ses films. Et il l’est également pour Le Daim. « À l’origine je viens de la vidéo, dit-il au site Maze.fr, et quand j’étais gamin je filmais moi-même. Quand j’ai commencé à faire du cinéma, on m’a dit qu’il y avait un monsieur dont c’était le métier qui le ferait à ma place. » Sur Steak, il laisse donc la direction de la photographie à un tiers mais il supporte mal le temps que prend l’installation de la lumière entre chaque plan et s’ennuie. « Donc maintenant je le fais moi-même, à l’instinct et ça va beaucoup plus vite, poursuit-il. Aujourd’hui, le digital permet des temps d’installation très cours donc je passe mes journées avec les comédiens sur le plateau. » Pour info, depuis Steak, Quentin Dupieux est également le monteur de ses films.

Les films de Quentin Dupieux n’excèdent que très rarement l’heure et demie, ce qui est très rare dans le cinéma contemporain. Le Daim, comme vous avez pu le constater, ne dure que 1h17. Steak ne durait que 1h22 comme Wrong Cops d’ailleurs, Rubber 1h25, Wrong 1h33, Réalité 1h35, Au Poste 1h13. Avec Le Daim, « j’avais de quoi faire un film de deux heures, explique-t-il à Vanity Fair. J’ai enlevé beaucoup de scènes que je trouve super. On m’avait complimenté pour la durée d’Au Poste déjà l’an passé. Ma mission au montage, c’est d’optimiser à mort. C’est devenu tellement facile de faire des images à notre époque que les scènes de films inutilement étirées par complaisance sont devenues intolérables. »

Actrice de caractère, Adèle Haenel n’a dans un premier temps pas aimé que Denise soit présentée dans le scénario comme une femme « dans la séduction ». Elle a donc exigé de Dupieux un ajustement : « Après qu’on a un peu gueulé tous les deux, dit-elle, on a commencé à travailler. On l’a ré-axé de telle sorte qu’elle devienne fan du blouson. Jean (Dujardin) a un personnage complètement fou. Moi, je suis un personnage très normal, qui devient barjo. » Et effectivement Dupieux confirme : « Ça l’emmerdait d’être simplement une serveuse dans un café, qui fait un peu naïvement du montage sur son temps libre. Sans qu’on change une ligne, elle a bouleversé l’interprétation qu’on pouvait avoir de Denise. C’est incroyable parce que ça passe presque uniquement par son regard. » 

Rares sont les réalisateurs menant deux carrières bien distinctes frontalement. Quentin Dupieux appartient à ce cercle très fermé. Réalisateur de huit long-métrages à tout juste 45 ans, il est également connu sur la scène musicale sous le nom de Mr. Oizo. Un talentueux ...

N'étant pas un spécialiste du cinéma de Quentin Dupieux, que je n'ai découvert que tardivement, il me semble néanmoins que ce passionnant "Daim", malgré les apparences (et le pedigree du bonhomme), n'est ni absurde - les actions des personnages ne cessant jamais d'être parfaitement ...

L’absurde de Dupieux a explosé, dès son premier film, comme l’affirmation d’une liberté aux potentialités illimitées : par les transgressions narratives, par l’absurde de motifs tombés de nulle part, il a investi le champ d’un cinéma de niche dans lequel il s’est ...