LE FACTEUR SONNE TOUJOURS DEUX FOIS

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L'Amérique, les années trente. Le crack de 29 et la crise qui s'en est suivie ont jeté sur les routes tout un tas de pauvre gens qui espèrent trouver du boulot en allant vers l'Ouest.

C'est le cas de Frank qui vit d'expédients et de petites combines. Au cours de son périple vers la côte californienne, il se fait engager comme pompiste et mécano par Nick, qui tient une station service avec un restaurant bar au bord de la route. Nick, la cinquantaine, a épousé Cora, une très belle jeune femme beaucoup plus jeune que lui qui bosse dur en cuisine. Entre Frank et Cora, une attirance mutuelle va bientôt les submerger et ils vont se laisser aller aux délices de l'adultère, nous donnant à voir au passage, une des plus belle scène de sexe jamais filmée à Hollywood. Leur passion va les pousser à envisager de supprimer le mari gênant... Mais malgré un plan apparemment simple, l'exécution du crime se révèle loin d'être parfaite. Un destin capricieux va les entraîner dans un drame où nul retour en arrière n'est possible.

Film noir par excellence, Le Facteur sonne toujours deux fois est la quatrième adaptation cinématographique du roman de James Cain qui avait déjà inspiré, excusez du peu : Pierre Chenal, Luchino Visconti et Tay Garnett. Sur un scénario de David Mamet, Bob Rafelson nous livre là une des versions les plus réussies et les plus fidèles au roman.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ASSURANCE SUR LA MORT (BILLY WILDER - 1944) ou encore LES RAISINS DE LA COLÈRE (JOHN FORD - 1940) .

Le sombre et magnifique roman de James Cain, paru en 1934, a connu pas moins de six adaptations au cinéma. En 1939, Pierre Chenal demande à Charles Spaak d'écrire le scénario du Dernier tournant avec Fernand Gravey, Michel Simon et Corinne Luchaire. En 1943, Luchino Visconti réalise Ossessione, en français Les amants diaboliques, avec Massimo Girotti et Clara Calamai. Curieusement, le nom de James Cain n'apparaît pas au générique, celui d'Alberto Moravia qui avait travaillé sur le script, non plus. En 1946, Tay Garnett signe une superbe version avec le trop méconnu John Garfield et la sublime Lana Turner. En 1981, Bob Rafelson insiste sur le côté avant tout sexuel de cette torride liaison tout en marquant un peu plus que ses prédécesseurs le fond de crise économique et sociale qui bouleverse l'Amérique ces années là.

En 1988, Passion, du hongrois Gyorgy Feher, nous arrive de l'autre côté du rideau de fer. Enfin, la version la plus récente débarque en 2004 en provenance de Malaisie. Swing my, swing high my darling, tel est le titre de cet opus signé U Wei Haji Saari qui oublie, lui aussi, de mentionner le roman qui l'a inspiré. David Mamet qui a écrit l'adaptation pour Bob Rafelson croisera de nouveau Jack Nicholson en 1992 pour qui il écrit le scénario de Hoffa réalisé par Danny de Vito. Brillant scénariste, c'est lui qui signe le script des Incorruptibles de Brian de Palma, il passe derrière la caméra en 1987 pour réaliser le subtil House of games, Engrenages en français. Suivront des films formidables comme Homicide, La prisonnière espagnole, ou Spartan entre autres.

Bob Rafelson croise la route de Nicholson en 1968. Ils écrivent et coproduisent ensemble Head, un film psychédélique qui ne marquera pas notablement les mémoires. Rafelson retrouve son acteur de prédilection en 1971 à qui il offre le rôle principal de Five easy pièces qui influencera toute une génération d'acteurs .Les deux hommes se retrouverons en 72 pour King of Marvin garden, en 92 pour Man trouble et en 96 pour Blood and wine. C'est ce qu'on peut appeler de la fidélité. Impossible de ne pas citer la performance de Jessica Lange dans Le facteur. On l'avait découverte en 1976 dans le premier remake de King Kong où elle n'avait pas grand-chose à défendre. Après une traversée du désert de trois ans, Bob Fosse la remet en selle dans All That jazz. Elle obtient en 82 l'Oscar du second rôle féminin pour Tootsie et interprète en 1983 une bouleversante Frances Farmer dans Frances de Graeme Clifford. Music box de Costa Gavras en 89 et Les nerfs à vifs de Martin Scorcese en 1991 achèvent d'asseoir sont statut de comédienne de premier plan à Hollywood. Elle obtiendra enfin l'Oscar de la meilleur actrice en 1995 pour Blue sky, dernier film du talentueux et regretté Tony Richardson.

On pardonnera facilement à Franck (Jack Nicholson) ses égarements car le pauvre est certainement tombé, dans cette station essence paumée au fin fond de la Californie, sur une des actrices les plus torrides que le cinéma nous ait donnée. Jessica Lange irradie littéralement ...

Le roman noir de James M Cain (également auteur du célèbre "Double Indemnity") aura stimulé l'imagination de nombreux cinéastes. Cinq ans après sa publication en 1934, c'est le français Pierre Chenal qui signait la première adaptation cinéma, avant que Luchino Visconti, ...

Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois est un bon film. Ce drame et film noir bien que loin d’être grandiose reste tout de même prenant pour tous les bons ingrédients dissimulés au sein de cette œuvre qui aura marqué son temps. Au fin fond du Midwest, la passion maléfique ...