LE GARÇU

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Vu de loin, comme ça, le film que vous allez maintenant voir est d’une simplicité enfantine. C’est d’ailleurs l’histoire d’un petit garçon, Antoine, que son papa, (Gérard), a du mal à voir grandir. Et comme Gérard est un homme à fleur de peau, il tangue, s’effondre, se débat, papillonne, se trompe et trompe sa femme...

Mais en y regardant de plus près, « Le garçu » recèle bien d’autres choses : d’abord c’est un film de Maurice Pialat et on sait que le réalisateur n’a jamais fait de cinéma comme les autres. Ensuite, il y a un film dans le film : Antoine l’enfant de l’histoire est le propre fils du cinéaste et son père de fiction, Gérard, c’est Gérard Depardieu, l’acteur-fétiche et le frère de pellicule de Pialat. Chacun des deux apparaît comme en reflet dans cette fiction en forme de quasi-documentaire.

C’est émouvant, étouffant, dérangeant et séduisant à la fois. Et comme c’est aussi le 10e et dernier film de Maurice Pialat, il mérite toute votre attention...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES 400 COUPS (Truffaut comme Pialat ont débuté leurs carrières en filmant mieux que personne l'enfance et en confiant des rôles importants à des gamins forcément débutants...) ou encore PAPA (Alain Chabat-Gérard Depardieu : même combat ! Tous deux tentent de mieux faire connaissance avec leur fils avant qu'il ne soit trop tard...).

« Le garçu » est le post-scriptum singulier d’un réalisateur à la personnalité plurielle. Avec cet ultime long métrage, Maurice Pialat regroupe tout ce qui fait de son œuvre une des plus inclassable du cinéma français. Après 1995, il terminera sa vie dans la douleur, souffrant d’une grave insuffisance rénale et s’adonnera à une passion méconnue : la peinture... 10 films au total et seulement ont jalonné son parcours de cinéaste mais on peut les voir et les revoir sans jamais cesser d’y être surpris, cueilli, frappé... Les films de Pialat diffusent le parfum entêtant et concret de la vie : ils sont rudes, rugueux, violents parfois mais toujours traversés par des moments de bonheur ou de joie.

Telle une boucle, « Le garçu » clôt une carrière débutée par « L’enfance nue » en 1968 dans lequel un gamin difficile de l’Assistance Publique trouvait enfin un peu d’amour auprès de la grand-mère d’une famille d’accueil. Pialat l’écorché apparait en creux dans cette figure de cinéma. Son bras d’honneur à Cannes en 1987 après les huées saluant la Palme d’Or attribuée à « Sous le soleil de Satan » n’était rien d’autre que la réaction d’un vieux gamin en manque d’amour... Gérard Depardieu est au générique de ce film comme du « Garçu », de « Police » et de « Loulou ». Tous deux partageaient des blessures intimes que l’un derrière et l’autre devant la caméra parvenaient sans doute à exorciser. Leur réputation sur un plateau a donné lieu à bien des témoignages d’effroi. Sans les excuser on peut y déceler un mal de vivre qui s’exprime dans l’outrance...

Maurice Pialat a toujours surpris, le métier comme le public : dans « A nos amours » en 1983, il révèle le talent brut de Sandrine Bonnaire en jeune fille insouciante offrant son corps et son cœur à qui en veut... En 1991, le réalisateur dépeint un « Van Gogh » impressionnant sous les traits de Jacques Dutronc dans un film qui est tout sauf un biopic mais le portrait d’un artiste torturé par ses démons. La seule fois où la critique et le public plébisciteront d’un commun accord le travail du réalisateur...

Le dernier film de Pialat est effectivement une œuvre testamentaire. Retour sur tout ce qui fit les sujets des œuvres les plus personnelles de son auteur, il embrasse la vie toute entière, de l’enfance à la mort, en passant par les tourments de ces amours égratignées de ...

1995, Pialat est vieux, souffre du diabète, il lui reste exactement huit ans à vivre. Mais il a eu un fils au début des années 90 et sachant qu’il ne le verra pas grandir, il décide de tourner un film testamentaire : Le Garçu. Le Garçu, c’est un personnage qui a traversé ...

"Le Garçu" est un Pialat formellement brillant : la simplicité de la narration, l'efficacité absolue de la mise en scène dépouillée de toute afféterie sont, on le sait, des caractéristiques (admirables) assez communes aux films de "maturité" des grands cinéastes désormais ...