LE GRAND BLEU (VERSION LONGUE)

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C’est après le Dernier combat et Subway, ses deux premiers long métrages, que Luc Besson (29 ans seulement) présente (hors compétition) le Grand bleu, en ouverture du 41e festival de Cannes, le 11 mai 1988, trois jours après la réélection de François Mitterrand, ce qui expliquera l’absence du ministre de la culture, pas encore nommé par le tout nouveau premier ministre, Michel Rocard.

Accompagnée par une petite pluie fine et par la musique – encore inconnue – d’Eric Serrra, l’équipe du film monte les marches du palais, Rosanna Arquette en tête, vêtue d’une courte robe grise très évasée et d’un canotier fleuri, suivie de Luc Besson et Jean-Marc Barr (l’un et l’autre très intimidés) et de Jean Reno (apparemment plus décontracté), tous trois habillés de smokings absolument bleus ! Plus sobres, les suivent Sergio Castellito, Marc Duret et Andréas Voutsinas, sous son éternelle casquette. Plus tard dans la soirée, toute l’équipe quittera le palais des festivals sous les huées et les sifflets!

Par la volonté de Luc Besson et de la Gaumont, personne n’avait eu l’autorisation de voir le film avant cette première projection. Pas un journaliste n’avait pu voir une image ou avoir une information sur cette étrange et imposante production – 75 millions de francs – que la plupart d’entre eux allait sévèrement critiquer, lui reprochant – ça ne s’invente pas – son manque de profondeur ! Pourtant, avec plus de neuf millions d’entrées, Luc Besson allait largement gagner son pari.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L’INCROYABLE HISTOIRE DE WINTER LE DAUPHIN (2011) (Autre belle histoire entre un petit garçon et un dauphin, également inspirée d’un fait réel.) ou encore LA PLANÈTE BLEUE (2003) (Documentaire britannico-germanique 100% grand bleu.).

Tourné en 35mm, le Grand bleu fut projeté en 70mm au Kinopanorama, la défunte salle parisienne du 15e arrondissement, et, au grand Rex, sur un écran de 24m90 de base et de 11m35 de haut, inaugurant ainsi un procédé baptisé « Grand large ». La première version du film durait 2h12, alors que la version américaine – où la musique d’Eric Serra fut remplacée par celle de Bill Conti et à la fin de laquelle le dauphin ramenait Jean-Marc Barr à la surface – durait, elle, 1h58. La version longue que vous venez de voir fut présentée dans les salles dix ans plus tard, en juin 1998.

Si Luc Besson connaissait Jean Reno depuis 1981, date de leur rencontre sur le plateau de l’inestimable les Bidasses aux grandes manœuvres, sur lequel Besson était assistant-réalisateur et Reno comédien débutant, en revanche il ne découvrit Jean-Marc Barr qu’à l’occasion du Grand Bleu. Hésitant dans le choix du comédien qui allait incarner Jacques Mayol, dont la personnalité avait inspiré son film, Besson avait d’abord pensé à Christophe Lambert – qu’il avait dirigé dans Subway – puis à Mickey Rourke et même à lui-même ! Ce n’est que quelques semaines avant le tournage qu’il se décida. A cette époque, Jean-Marc Barr avait 28 ans et était apparu dans Hope and Glory de John Boorman et aurait pu apparaître dans Maurice de James Ivory, si ses scènes n’avaient pas été coupées au montage !

La Newyorkaise Rosanna Arquette, quant à elle, avait déjà une longue carrière derrière elle, à la télévision mais, aussi, au cinéma puisqu’on l’avait déjà vue dans une douzaine de films, dont After Hours de Martin Scorsese et, surtout, dans Recherche Susan désespérément, de Susan Seidelman avec Madonna. Dans le rôle de Sally, sa colocataire, on ne reconnaît pas du tout – et pourtant c’est bien elle – Kimberly Beck qui, en 1964, à l’âge de huit ans, avait joué le rôle de Jessie, la petite fille dont s’occupe la mère de Marnie dans Pas de printemps pour Marnie d’Alfred Hitchcock. Luc Besson confia le rôle du pittoresque oncle Louis qui s’entraîne dans sa baignoire à Jean Bouise auquel, deux ans plus tard, il offrira son bref dernier rôle dans Nikita, sorti six mois après sa disparition. Enfin, sachez que Joséphine, le dauphin partenaire de Jean-Marc Barr, est mort, lui, le 23 août 2011, dans le grand bassin du parc nautique d’Antibes où à 32 ans il coulait une retraite bien méritée.

Besson est très décrié. C'est sans doute parce qu'il n'est pas dans la mouvance académique. C'est aussi pour ça que je l'aime bien. Il souffle dans ses films un air nouveau très rafraichissant. Il n'est pas passé par les écoles du cinéma. Il n'a pas été pollué par la ...

Le Grand Bleu, film générationnel par excellence, est un film douloureux à revoir aujourd'hui quand on voit le chemin qu'a pris son réalisateur par la suite. Quand même, qui aurait pu imaginer que Luc Besson allait pouvoir passer de films comme Nikita / Léon / Le Grand Bleu ...

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