LE PANTIN

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Mallory Grolleau qualifie Le Pantin, son premier long métrage, de « film guérilla ». Après avoir signé en 2010 La Chair de ma chair, un court métrage avec notamment Marilou Berry, le jeune réalisateur, profondément déçu de n’avoir trouvé aucun financement pour un long métrage, décide avec le soutien d’une poignée de personnes de se lancer dans ce qu’il appelle un « projet punk, un film de colère » .

Il adresse alors en pleine nuit un mail au comédien Philippe Gouin qui jouait dans son court métrage. Il lui explique qu’il compte faire un film un peu trash, tourné en quelques jours « qui parlera sans doute de la migration et du genre ». Il ne le fera que si l’acteur y participe. La réponse arrive moins d’une heure plus tard : c’est oui !

Au prix d’un tournage mouvementé et de beaucoup de patience, Le Pantin finira par voir le jour. Il retrace la destinée d’un migrant qui survit miraculeusement à une noyade et se retrouve séquestré par une jeune femme, laquelle va en faire son esclave sexuel et le féminiser peu à peu. A travers les rapports changeants et complexes entre les personnages, le film interroge la question des stéréotypes de genre, celle de la place de l’individu dans une société ultraconsumériste et d’une façon plus générale celle de l’identité.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TERRAFERMA (Bravant les autorités locales, des pêcheurs italiens sauvent des migrants de la noyade.) ou encore BOYS DON'T CRY (Un film qui interroge la question du genre).

« Même si la provocation n’est pas un but en soi, Le Pantin est un film dérangeant, ce qui le condamne à une certaine confidentialité. Il a fallu l’admettre et l’assumer, c’était la seule manière d’aller au bout de ce film avec sincérité. » Le réalisateur Mallory Grolleau revendique pleinement cette expérience artistique, technique et humaine d’une production en marge du système établi. A partir d’une trame, le film s’est ainsi écrit au fur et à mesure du tournage afin que les comédiens comme les techniciens puissent intervenir sur la progression dramatique. Mais avec un budget d’à peine 60 000 euros (hors participations), le tournage du Pantin n’a pas été une aventure simple. Plus d’un an a séparé deux des sessions de prises de vue et les journées de travail duraient parfois plus de 15 heures.

Mallory Grolleau explique qu’il voulait aller vers un « modèle plus collaboratif que ce que proposent les usages quasi militaires du cinéma ». Or la mise en oeuvre a été beaucoup plus difficile qu’il ne l’imaginait face à des habitudes et des méthodes de travail bien installées. Chaque jour, un technicien venait lui dire : « ça n’est pas comme ça qu’on travaille » ou « ce n’est pas comme ça qu’on fait un film ». A quoi il répondait : « je sais, c’est pour ça l’on le fait comme ça. On cherche, on essaie de faire autrement ». L’enjeu et la difficulté pour le réalisateur étaient de convaincre l’équipe que dans un tel système coopératif « cette mise en danger vaut probablement la peine » pour gagner en exposition et en responsabilité.

Film coup de poing, Le Pantin entend donc échapper aux normes habituelles du produit culturel.  Pour autant, avec cette réalisation, Mallory Grolleau a voulu offrir une déclaration d’amour au cinéma. Ici et là des clins d’oeil sont glissés en référence par exemple au cinéma de genre avec le laboratoire un peu kitsch et ses scientifiques fous en blouses clairement sortis de vieilles séries B. Le plan du personnage en perruque brune allongé sur le lit les jambes croisées derrière lui rend hommage, quant à lui, à Uma Thurman dans Pulp Fiction.