LE SILENCIEUX

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Lino Ventura fuit. Et il est taiseux. On l’a beaucoup vu affrontant le monde entier mais Le Silencieux premier long métrage de Claude Pinoteau en 1973, sans être son meilleur film, établit une sorte de paradigme de l’ancien catcheur, dur au mal, seul, à la poursuite de sa légende.

Agent retourné comme on dit, le voilà fugueur cherchant à échapper à des tueurs du KGB. Il n’y a pas que des porte-flingues ou des barbouzes dans ce film, on y trouve aussi des dames et non des moindres, Léa Massari et Suzanne Flon.

Le scénario est signé d’un des maîtres des années 70/80, Jean-Loup Dabadie, autant à l’aise dans le film d’action que dans la comédie. Là-dessus il faut y aller, car dans ce cinéma-là, si tu bouges pas t’es mort.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ESPION, LÈVE-TOI (Un autre exemple de la qualité du cinéma d'espionnage français, avec l'inusable Lino Ventura.) ou encore MÖBIUS (Réalisateur du formidable Les Patriotes, Eric Rochant revient aux affaires avec ce suspense romantique qui montre que, même de nos jours, les espions russes sont toujours efficaces.).

Le Silencieux, c’est à la fois le personnage, l’acteur et aussi l’accessoire du flingue. Ventura et Claude Pinoteau c’est une histoire de quatre films. Ils se retrouveront pour La Gifle, L’homme en colère et La 7ème cible. En attendant Pinoteau qui est passé tard à la mise en scène, il avait déjà 48 ans, met son savoir-faire et sa précision au service de ce premier film tant attendu. Il prend le relai de son frère Jack Pinoteau, de deux ans son ainé, qui dans les années 50 et jusqu’au milieu des sixties avait été le cinéaste officiel de Darry Cowl avec, quand même, le mémorable Triporteur. Claude Pinoteau lui, n’a pas fait dans la comédie burlesque. Sa formation c’est l’assistanat auprès de Cocteau, Melville, Verneuil, De Broca et Lelouch.

Le Silencieux vient d’un roman de Francis Ryck à une époque d’espionnite aigue, quand le KGB et l’Union soviétique représentaient l’empire du mal. Pinoteau se souvient des films d’Hitchcock Le Rideau déchiré 1966 et L’étau 1969. Les années 60 avaient déjà produit des films paranoïaques sur ces combats de l’ombre avec L’espion qui venait du froid de Martin Ritt 1965, ou M15 demande protection de Sidney Lumet 1966.
Ventura a les épaules larges et dans ce road movie, qui se termine en montagne, dans cette fuite éperdu devant sa propre identité, il prend le pardessus des héros tragiques broyés par le destin. Pardessus qu’il réenfilera avec Un papillon sur l’épaule 1978 de Jacques Deray, Espion lève-toi 1981 de Yves Boisset. Bref, un chêne qu’on abat.

Premier long-métrage en 1973 de Claude Pinoteau où il est seul aux manettes. Le scénario s'inspire d'un roman de Série Noire (Espionnage) de Francis Ryck "drôle de pistolet" écrit en 1969 que j'ai lu et dont je ferai également une critique sur SC (après ...

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