LE TEMPS QUI RESTE

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Romain, un photographe homosexuel de 31 ans découvre qu’il est atteint d’un  cancer généralisé. Il ne lui reste plus que trois mois à vivre. Il décide de l’annoncer à sa grand-mère uniquement et de le cacher à son compagnon Sacha, ainsi qu’à ses parents et à sa sœur avec qui il est en mauvais termes. Tel est le synopsis du film écrit et réalisé par François Ozon en 2005, avec Melvil Poupaud et Jeanne Moreau dans les rôles principaux. Avec une interrogation centrale : comment gérer sa propre mort ? 

Huitième long métrage de François Ozon, Le Temps qui reste a été tourné quatre ans après Sous le sable, avec Charlotte Rampling et Bruno Cremer, formant une sort de diptyque avec ce premier film sur la mort et la disparition.  Mais cette fois, le cinéaste regarde la mort en face, faisant mentir La Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face ». Dans Sous la sable, Charlotte Rampling courait après un fantôme, ici, Melvil Poupaud affronte sa destinée en toute connaissance de cause. 

La profession du héros du film n’est évidemment pas un hasard. Photographe de mode, Romain doit exercer désormais cette activité qui fixe la vie à tout jamais, alors que lui doit en faire son deuil. Son appareil devient un moyen de dialogue, voire de possible réconciliation ou du moins de rapprochement avec sa sœur notamment. Une façon également de retenir un peu plus la vie en photographiant les autres comme il leur enverrait un ultime message.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DEUX JOURS À TUER (Parce qu'Albert Dupontel coupe soudainement les ponts avec sa famille et ses amis. A l'approche de la mort, il part en Irlande pour redonner un sens à ce qui lui reste de vie.) ou encore LE FEU FOLLET (Parce que l'antihéros de ce classique de Louis Malle sait qu'il va mourir : il a décide de se suicider. Il passe ses dernières 48 heures à errer dans Paris.).

« Tu es comme moi, tu vas bientôt mourir » dit la grand-mère (Jeanne Moreau) à son petit-fils (Romain) condamné par la médecine. Parole crue, à la fois sincère et « vacharde », comme seule une grand-mère affectueuse peut le dire. La relation très franche qui unit ces deux êtres constitue la clé de voûte d’un film qui ne cache de la dureté et de la fragilité mêlées de sentiments confrontés à la mort qui rôde et approche. Et qui dans le cas présent frappe un être jeune qui ne devrait donc pas partir sitôt. 

Ainsi le film de François Ozon ne repose pas sur un « suspense » couramment admis et pratiqué dans le cinéma (le personnage va-t-il mourir ?) mais bien sur une certitude (la mort) et une interrogation : comment employer son temps en attendant cette mort annoncée ? Chaque geste, chaque parole, chaque pensée est voilée par cette perspective. Même les choses les plus anodines se parent alors d’une gravité inévitable. C’est précisément ce « temps qui reste » qui est au cœur du propos du cinéaste. 

Sur ce thème de la maladie incurable, partagé par de nombreux films (depuis Philadelphia jusqu’à Haut les cœurs, en passant par Les Nuits fauves et Le Petit prince a dit, entre tant d’autres français et étrangers), le cinéaste joue une autre carte. Celle d’une forme de détachement qu’adopte son héros Romain. Pas d’épanchement amoureux ou familial, pas de basculement dans une consommation frénétique de drogue, par exemple, et pas non plus de règlement de compte testamentaire. Ozon évite ces parcours presque obligés pour privilégier un profond sentiment de solitude dans ce « combat honorable », le dernier, qu’il faut mener.

la une œuvre infiniment troublante et personnelle. Le sujet n’est pas des plus originaux ; les derniers jours d’un homme et la manière d’appréhender sa mort. On pourrait même faire un parallèle avec les nuits fauves de Collard. Mais là où ce dernier voulait un héros ...

Ce qui est génial chez François Ozon, c'est qu'il sait s'approprier des postulats simples pour les remanier à sa sauce et les rendre forts et poignants. Dans "Le Temps qui reste", c'est l'histoire simple d'un homme qui n'a plus beaucoup de temps à vivre et qui va devoir faire ...

Malgré un script qui prête à l’émotion facile, Le temps qui reste n’est pas un esclandre féroce et militant qui glorifie le bonheur de vivre contre vents et marrées. Non sans subtilité, le talent de François Ozon est de montrer avec humilité, l’acceptation progressive ...